lundi 15 juillet 2013

Des Galápagos aux Gambier


Par : Armelle.


 

Cap vers nos rêves

Après ces trois semaines de repos … Nous partons pour les îles de la Polynésie, cap un peu plus sud que prévu car nous voulons tenter l’île de Pâques. Nous nous retrouvons vite au près - bon plein mais l’équipage est en pleine forme et le moral au plus haut. Chacun retrouve son petit coin bien calé dans le bateau, quand la Coccinelle à la gîte tangue dans tous les sens, et que chacun reprend ses activités privilégiées. Pour les filles ce sera le plein de dessins animés, pour nous de lecture et de siestes. Nous nous régalons de notre pêche et des fruits et légumes qu’il faut malheureusement vite manger avant qu’ils ne se gâtent. Bref c’est une traversée comme les autres où le temps s’allonge et les journées se ressemblent. Cependant quelques signes indicateurs annoncent un changement : désormais le Soleil fait ses courses au nord, la Lune n’est plus menteuse, les Ourses ne viennent plus visiter le ciel la nuit et quand le Vent vient de Sud ça caille !… car nous sommes désormais dans l’hémisphère sud !

 


 

La pêche du Capitaine à côté d’une tentative infructueuse de bananes séchées

 
Changement de cap

Au cours de la deuxième semaine le vent adonne, la Coccinelle se redresse et l’équipage totalement amariné peut s’employer à des activités un peu plus dynamiques. Désormais plus d’excuses pour échapper aux diverses corvées délaissées depuis notre départ. Malheureusement le temps est toujours aussi couvert ce qui limite fortement nos sorties dans le cockpit.

Le vent se renforce à mesure que nous approchons de l’île de Pâques. Inquiet le capitaine étudie la météo et les possibilités d’abris qu’offre l’île. Mais après trois jours de tergiversations il faut se rendre à l’évidence, les conditions ne pouvaient pas être pires que celles annoncées : un fort vent de secteur nord doublé d’une forte houle de sud ouest. Nous décidons alors de changer de cap à seulement 170 milles de l’arrivée. Les filles répondent à la nouvelle avec une moue et retournent aussitôt à leur jeu comme si on leur avait simplement annoncé qu’il n’y avait plus de dessert pour aujourd’hui. Pour nous c’est la déconfiture totale, quelques heures auparavant nous nous réjouissions de cette escale, rêvant de fruits frais et de vin chilien et surtout d’une bonne nuit au mouillage devant les célèbres moais, et nous voilà maintenant à plus de 12 jours de navigation de l’île la plus proche, avec le moral au fond des bottes. Et pour bien enfoncer le clou une dépression vient nous chatouiller les haubans nous contraignant à passer trente heures à la cape.

 
Atelier fabrication de lunettes rigolotes, faut bien occuper nos petits matelots !

Le temps d’une sieste pour les parents et le carré devient un vrai cafarnaum

 
Traditionnelle bouteille à la mer avec dessins des filles et message du Capitaine. Les pronostics de chacun quant à sa destination finale sont annoncés, pour les filles c’est Dady et Nany qui la trouveront sur la plage de l’île d’Aix.

 
Relâche à Pitcairn

Heureusement nous aurons ensuite quelques jours de calme pour reprendre un peu du poil de la bête et retrouver la motivation pour tenter cette fois une relâche devant la célèbre île de Pitcairn. Et comme tout bon marin qui n’est satisfait que lorsqu’il y a du bon vent et dans le bon sens (à savoir jamais) nous pesterons vite sur cette pétole qui s’éternise et risque de nous faire manquer la fenêtre météo pour y faire escale. « Ça non ! » S’écrie le capitaine. « Une fois mais pas deux ! » Le réservoir de gazole est presque vide. Et celui-ci pris d’un coup de sang un matin monte le moteur hors-bord au cul du bateau afin de déhaler quelques heures la Coccinelle en quête d’une faible brise, que nous finirons par trouver et qui finalement nous mènera sous spi jusqu’aux abords des îles d’Henderson puis de Pitcairn, nous réconciliant par la même avec le Pacifique.

Nous jetons l’ancre dans la baie de la Bounty, « La classe non ? », après 27 jours de mer. Nous n’avons pas vu un seul bateau depuis plus de 20 jours et n’avons rien mangé de frais depuis plus de 10 jours.

Seulement deux jours d’escale nous seront permis par Eole dans ce lieu mythique qui malgré les conditions idylliques n’offre qu’un mouillage houleux et un débarquement scabreux. Et encore nous sommes chanceux, les habitants n’ont pas vu un seul bateau ce mois-ci à cause du mauvais temps (nous sommes le 29 juin). Pitcairn se mérite mais nous le savions et nous sommes plus que motivés.

Nous repartirons encore plus fatigués qu’en arrivant mais nos têtes pleines d’images, enrichies de belles rencontres et avouons le, fiers d’être venus jusqu’ici, juste pour faire un brin de causette avec les descendants des célèbres mutins de la Bounty. (cf. post sur Pitcairn)

 

Pétole

 

Première leçon de barre pour Camille au passage de l’île d’Henderson

 
Cap vers la Polynésie française

Cette fois c’est la dernière ligne droite, l’archipel des Gambier n’est qu’à 290 milles de celui de Pitcairn, une bagatelle pour nous qui sommes en mer depuis un mois. La météo s’annonce excellente et nous filerons bon train pendant trois jours, arrivant au petit matin du 3 juillet pour embouquer la passe à travers l’archipel des Gambier. Dès l’approche de l’île de Mangaréva, nous scrutons aux jumelles les bateaux du mouillage, en quête d’un petit ketch bleu, ami de notre Coccinelle et dont nous n’avons plus de nouvelles depuis deux mois, depuis que nous avons quitté les Perlas. « Tiens ! Il y a bien un bateau qui correspond au signalement. » Patience, nous nous rapprochons … « Oui c’est eux, c’est sûr ! ».  Et nous levons les bras répondant à leurs gestes. Nous jetons notre ancre devant le village de Rikitéa à quelques brasses de nos amis.

Nous apprendrons vite qu’ils ont passé 50 jours en mer depuis les Perlas et ne sont arrivés que depuis trois jours !

Lever de soleil

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