lundi 14 mai 2012

Dernier carénage avant mise en orbite

Dernier carénage avant mise en orbite.

On l’attendait avec impatience, cette ultime mise au sec de Coccinelle avant le grand départ. Elle allait être l’occasion de le rendre un peu plus pimpant, comme chaque année. Surtout, elle serait également l’occasion d’effectuer quelques ultimes travaux, notamment, l’installation de platines sur lesquelles viendraient se fixer des béquilles.

Un bateau dans l’eau se salit, et sur ses œuvres vives (la partie du bateau située sous l’eau donc) différents organismes, animaux ou végétaux, viennent y élire domicile, qu’il s’agisse de vase, d’herbes, ou de coquillages. Dans nos eaux tempérées, il faut effectuer chaque année ce qu’on appelle un carénage. Dans les eaux tropicales, plus chaudes, il faudra renouveler l’opération plus souvent. Coccinelle a donc été mis au sec sur la zone technique de La Rochelle, à l’aide d’un travel lift. La sortie de l’eau avait été programmée de longue date, mais mercredi 25 avril, il ne faisait vraiment pas beau, avis de grand-frais, coup de vent même, pas vraiment un temps à sortir le bateau de sont havre de paix que représente le bassin des yachts à La Rochelle ; nous avons donc réussi à reporter la mise au sec. Bien nous en a pris. Car si le lendemain jeudi le vent avait nettement diminué, une vingtaine de nœuds tout au plus. Un bateau à la carène sale glisse très mal sur l’eau. Mais le pire, ça a été l’hélice qui couverte de coquillages s’est avérée bien peu efficace, à tel point que j’ai bien cru à un moment que jamais je n’arriverai jusqu’aux Minimes. Il n’y a pourtant qu’à peine plus d’un petit mille ! C’eût été le comble, celui qui prétend partir au-delà de l’horizon, et qui ne réussit même pas à rallier le vieux port de La Rochelle aux Minimes !





A peine le bateau sorti, il a fallu nettoyer la carène au karcher, avant d’attaquer les quelques travaux que nous pensions pouvoir réaliser en une petite semaine. Quand nous avons acheté Coccinelle, il y a quatre ans, nous voulions un dériveur lesté, avec un assez faible tirant d’eau donc (1.25 m), pour nous permettre de jouer les Robinsons dans des mouillages de faible profondeur, mais aussi éventuellement nous échouer, à marée basse, dans les mers à marée. Ce à condition d’être équipés de béquilles. Sans compter la possibilité bien pratique en voyage de pouvoir caréner le bateau sur une plage isolée, là où il n’existe d’autre possibilité technique de le sortir.






Mise en place des platines des béquilles.
Nous avons trouvé des béquilles d’occasion aux Puces de Mer, ici à La Rochelle. Elles étaient vendues sans fixations, et il a donc fallu imaginer un moyen de les rendre solidaires du bateau. Après avoir réfléchi à différentes méthodes, nous avons fini par retenir une platine rentrée dans la coque, de façon à ce qu’aucune aspérité de dépasse du bateau. Cette pièce, il a fallu ensuite la dessiner, demander un devis, et la commander dans un atelier spécialisé. Sa fabrication dépasse le simple bricolage. Si en théorie il ne s’applique dessus que peu d’efforts, car échoué le bateau est posé sur sa quille et le rôle des béquilles se limite à celui des jambes du motard qui maintient sa machine en équilibre à l’arrêt au feu rouge, il faut tout de même imaginer que le sol sur lequel le bateau va se poser n’est pas toujours aussi droit qu’on l’aimerait, et nul n’est à l’abri d’une roche rebelle qui rendrait son équilibre précaire, le bateau appuyant alors sur l’une ou l’autre des béquilles. Il faut donc faire solide.
Ces pièces, il a fallu les mettre en place, tracer, et, pour notre part, commencer par repérer à l’intérieur l’endroit où elles seraient positionnées ; avant de percer les trous des huit gougeons, de l’intérieur, et terminer à la scie sauteuse pour ce qui est de l’emplacement du cylindre, un trou de 10 cm de diamètre tout de même ! Le tout fixé par une contre plaque, en inox elle aussi, et beurrée au mastic polyuréthane (Sikaflex), afin d’assurer l’étanchéité de l’ensemble.
Nous en avons profité pour monter les sondes du nouveau loch speedo. Auparavant,  il a fallu extraire les anciennes, avant d’agrandir les trous ainsi libérés, et mettre en place les nouvelles sondes, de loch-speedo (qui donne la vitesse et la distance parcourue par le bateau), mais aussi la profondeur d’eau sous le bateau. Pour  ce qui concerne les communications longue distance, nous avons fait le choix d’équiper Coccinelle d’un émetteur récepteur BLU, connecté au micro ordinateur de navigation via un modem Pactor, il permet d’envoyer ou de recevoir des mails, des fichiers météo, etc. Nous aurons l’occasion d’en reparler dans un autre article. L’installation de cet émetteur nécessite la mise en place d’une plaque de masse sous la coque, il a donc fallu y percer d’autres trous.





Changement de la bague hydrolube.
La bague hydrolube est située en avant de l’hélice, elle maintient l’arbre d’hélice en place et évite des vibrations. Coccinelle est un bateau français, construit par le chantier Jeanneau, mais nous l’avons acheté aux Etat Unis, son arbre d’hélice avait été changé, les centimètres remplacés par des pouces, et de fait le diamètre est passé de  25 mm à 25,4 mm. Les bagues métriques n’étant pas adaptées, nous en avons donc fait réaliser une sur mesure, en plastique. L’idée nous en est venue après avoir vu celle d’un voisin, qui nous a confié l’avoir utilisée depuis huit ans sans le moindre soucis ! Car cette opération qui consiste à changer une bague hydrolube nécessite la dépose de l’arbre, mieux vaut donc le faire le moins souvent possible. Tout d’abord, il faut démonter le tourteau, cette pièce qui rend solidaires l’inverseur du moteur et l’arbre d’hélice. Il faut ensuite extraire l’hélice, à l’aide d’un arrache moyeu, à condition de disposer de l’outil adéquat. Plus délicat, il a fallu sortir l’arbre, et en théorie pour cela il faut démonter le safran, qui est pil poil dans l’axe de l’arbre. On y est allés un peu en force, et il a fini par venir. L’idéal aurait été de disposer d’un tube inox d’un diamètre extérieur légèrement inférieur à celui de la bague, et d’un diamètre intérieur légèrement supérieur à celui de l’arbre, ce qui aurait permis d’extraire la bague usagée, donnant ainsi du jeu à l’arbre pour pouvoir être ensuite extrait sans démontage de l’arbre. Sauf que la vieille bague était en bronze, collée à son support, et que pour l’extraire il a fallu d’abord sortir l’arbre, avant de l’attaquer à la scie à métaux. Les artisans de Teck Inox, société spécialisée dans la fabrication ‘custom’ de pièces alu ou inox dédiées à la plaisance, sont venus sur place prendre les cotes (leur atelier n’est situé qu’à une cinquantaine de mètres), il nous en a coûté 70 €, mais elle devrait tenir le temps du voyage de Coccinelle !
Ainsi fut fait, la bague immobilisée à l’aide de deux vis, l’axe remonté, et deux anodes sacrificielles en zinc positionnées sur l’arbre. Lors de leur mise en place, il ne faut pas oublier de tapoter dessus à l’aide d’un marteau, serrer, tapoter de nouveau puis serrer encore, jusqu’à ce que l’anode soit parfaitement serrée sur l’arbre : en effet, dès qu’elle va commencer à se détruire (elle est là pour ça !), si elle n’est pas suffisamment serrée alors elle risque de prendre du jeu, et venir endommager le bateau. C’est également la raison pour laquelle elle est ensuite immobilisée à l’aide d’un petit joint en Sika.










Antifouling.
Si la raison première d’une mise au sec concerne en premier lieu le traitement des œuvres vives, qui ont reçu deux couches d’antifouling), il ne faut pas oublier les oevres mortes. Coccinelle a trente ans, et sa carène est en bon état. Mais chaque année, nous nettoyons ses œuvres mortes à l’éponge et au détergeant, avant d’y appliquer du déjaunissant, un acide qui redonne son éclat au gel coat ; avant de polir et lustrer au polish, la touche finale étant obtenue par une bonne dose d’huile de coude, qui fait briller la bateau comme un sou neuf ; jusqu’à la prochaine fois ! Nous en avons également profité pour redonner un petit coup de jeunesse aux vernis de la cuisine ; ça parait simple comme ça, mais il faut poncer, poncer encore, dégraisser, et appliquer consciencieusement 5 couches de vernis…




Toutes ces opérations ont nécessité de travailler à proximité des boutiques, des artisans, et des bricoleurs de tous poils qui travaillent sur leur bateau et qui sont toujours d’un bon conseil. C’est sûr, pour un prix quatre fois inférieur, nous aurions pu sortir notre bateau de l’eau à Port des Barques, au sud de la Charente, comme nous l’avions fait l’an dernier. Il nous en avait coûté un peu plus de 100 €, contre près de 500 € cette année, à La Rochelle. Mais l’efficacité et la proximité de tous ces services a un prix…

Si tout va bien, le prochain carénage devrait se dérouler sur une plage déserte, quelque part dans l’Océan Pacifique…