samedi 27 octobre 2012

Vers les Canaries




Par : Armelle.

Lassés et un peu inquiets de toutes ces menaces de cyclones, nous avons fini par modifier notre programme pour les semaines à venir. Nous quittons les Açores plus tôt que prévu pour faire un peu de sud, se retrouver sous un climat plus clément, et attendre un peu plus longtemps la fin de la saison des cyclones avant de traverser vers les Antilles. Alors virons de barre et cap sur les Canaries ! A nous les plages et les mouillages idylliques !

Nous sommes partis de Santa Maria le jeudi 11 octobre au soir, au moteur, sur une mer calme, le temps de laisser nos estomacs s’habituer à la houle sensée rentrer progressivement en même temps que le vent. La fenêtre est courte, tout juste le temps de rejoindre Porto Santo sur l’archipel de Madeira (une étape avant les Canaries) avant l’arrivée de vents contraires. Deux arguments très convaincants avancés par le capitaine, qui par un heureux hasard nous font partir quelques heures avant le prochain vendredi...

Nous avons savouré une journée entière sous spi, avant que le vent ne refuse peu à peu.

Nous arriverons malheureusement de nuit, au près, fatigués par la houle et un temps à grains.

Un petit repos à Porto Santo s’impose, surtout pour le capitaine qui a assuré les multiples manœuvres. Un repos un peu trop court, mais une autre fenêtre météo s’annonce déjà. C’est peut-être la seule avant longtemps. L’objectif étant les Canaries, nous repartons au bout d’une semaine, sans visiter l’archipel. Ce sera sans regret car la météo des jours suivants notre arrivée aux Canaries nous donnera raison. Le vent restera vissé assez longtemps au secteur sud.

Nous arriverons au Canaries sur l’île de Graciosa dans la baie des Français, au beau milieu de la nuit sous un ciel étoilé ahurissant ! Le mouillage est très fréquenté, nous nous frayons un passage entre quelques bateaux avant de mouiller l’ancre. Le spectacle au réveil dépassera nos attentes. Les volcans verdoyants des Açores ont laissé place à des paysages arides et tout autant vallonnés par leurs confrères ici bas. Ca y’est c’est le sud ! On approche des tropiques !

Cette seconde étape de la traversée nous a pas mal secoués (3-4 m de houle ; heureusement de dos). Dès les 1er jours nous ressentons que ce petit coin de paradis va nous retenir quelques temps. Nous nous reposons, les doigts de pieds en éventails et nous finissons les préparatifs pour tropicaliser notre Coccinelle.

Arrivée sur Santa Maria

Youpi une daurade !





Escale à Porto Santo (archipel de Madeira)

Escale à Porto Santo (archipel de Madeira)

1er mouillage aux Canaries...
 
 

A propos des Açores


Par : Armelle.

 

Ici bientôt nous vous raconterons les conseils, trucs et astuces issus de cette expérience pour naviguer aux Açores.

 

En attendant nous vous proposons un bref petit manuel de « whale watching » à l’usage des plaisanciers qui rêvent de croiser la baleine. Un peu prétentieux de notre part mais à prendre à la rigolade évidemment :

 

‘Primeiro, observer une veille constante et attentive, de préférence à un point culminant au-dessus de la mer. ’ 

 
‘ Segundo, rester à son poste, persévérer, ne pas flancher. ‘
 

 

‘ Terceiro, une fois la baleine repérée, opérer une approche silencieuse et discrète, de préférence à un moment où la bête sommeille. Faites comme si vous passiez là par hasard, l’air de rien, sans aucune intention de vouloir fraterniser. ‘


 

‘ Si cela ne marche pas, toutefois la technique de l’approche par mimétisme peut se révéler efficace. ’….


 

Sinon faites comme nous, vous sortez la tête d’un coup du rouf et vous surprenez la baleine qui ne s’y attendait pas !

Bonne chance à vous et surtout patience.


mercredi 17 octobre 2012

Terceira, Olé !

Par : Armelle.

En cours de route nous décidons de nous arrêter à Angra Do Heroismo, un port peu recommandé par vents de sud, mais le dernier bulletin météo annonce finalement des vents, générés par Nadine, ne devant pas excéder…45 nœuds ! La ville est classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ce serait dommage de ne pas s’y arrêter. Notre curiosité nous donne soudain un élan d’optimisme : on change de cap… nous ne serons pas déçus ! Dès son approche, la ville nous offre un beau tableau d’architecture colorée par ses bâtiments coloniaux, témoignant de son statut historique de capital des Açores. A condition de faire abstraction du bâtiment récemment construit sur la falaise qui borde la marina : incompréhensible et consternant.
Nous insistons pour avoir une place dans le fond du port. Chose faite, nous nous préparons pour le dernier acte de Nadine.
Nous resterons une petite semaine, arpentant les rues de la ville en contemplant ses bâtiments historiques.
Nous assisterons à une tourada. Une tradition populaire qui consiste au lâcher de taureau dans la rue. L’occasion pour les plus ‘braves’ de montrer aux autres leur ‘courage’ en venant titiller l’animal de près, pendant qu’une douzaine d’hommes se tiennent prêts à le maîtriser avec une corde, tant bien que mal. Le public (dont nous faisions partie) assiste au spectacle, retranché derrière les balustrades installées devant les maisons qui bordent la rue ; poussant des cris et agitant des parapluies pour essayer d’énerver davantage la bête. Le taureau n’est jamais agressé physiquement, mais après un voyage stressant dans une cage, il lui en faut peu pour démarrer au quart de tour. Les yeux fous, il bave jusqu’au sol et fonce tête baissée sur tout ce qui bouge.
Je demande naïvement à ma voisine s’il y a une règle du jeu : y a-t-il différentes équipes participantes ? Comment gagne-t-on des points ? En touchant les cornes ou la queue ? En immobilisant l’animal ? Non, non rien de tout cela. Mes questions paraissent incongrues. Participe qui veut bien se jeter dans l’arène (la rue), à ses risques et périls. Cette tradition remonte au temps où les açoriens ont repoussé les envahisseurs espagnols. Le spectacle est finalement assez drôle, quoique pour ma part je trouve la démonstration de courage assez grossière, puérile et cruelle. Comme manifestation populaire, je préfère les vide-greniers !

Au bout d’une semaine les vents étant favorables pour descendre sur Santa Maria, nous partons, finalement soulagés car la houle de secteur Sud entre dans le port et rend très inconfortable l’amarrage.

 Arc en ciel vu d'Angra Do Heroïsmo

 Angra Do Heroïsmo

 Amarrage dans le fond de la marina d'Angra Do Heroïsmo

 Tourada
 Tourada
 Tourada
 Spectacle au première loge !

 Le bain de doudou vache

la cabane aux oiseaux ! C'est papa qui l'a faite !

Sao Jorge, un p’tit tour et puis s’en va













Par : Armelle.

Profitant d’une courte fenêtre météo, nous faisons escale sur l’île de Sao Jorge, à quelque milles d’Horta. Le temps de faire un p’tit tour, une baignade dans une magnifique piscine naturelle et déjà nous devons repartir retrouver un abri sûr à Terceira. La météo prévoit un retour de Nadine sur l’archipel des Açores. Le port de Velas, où nous nous trouvons, est très charmant mais pas assez protégé des vents de secteur sud. Allez on s’échappe !

 le port de Velas

 miradouro sur le mont Pico

 Sao Jorge

 Sao Jorge

 Sao Jorge

 Sao Jorge

 Portrait de famille

 un triporteur, très répandu dans les Açores

baignade dans une piscine naturelle d'eau de mer

coucher de soleil sur le mont Pico

Horta, au confluent des routes maritimes


Par : Armelle.

Notre destination suivante, Horta, sur l’île de Faïal, ne devait être qu’une brève étape, le temps de faire une petite courbette devant Nadine, avant de reprendre notre cabotage vers les autres îles du centre. Malheureusement, encore une fois, la météo en a décidé autrement. Nadine a pris son temps … et nous notre mal en patience. Nous avons tissé une autre toile autour de Coccinelle en étant cette fois beaucoup plus sereins qu’à Punta Delgada. Non pas blasés par l’annonce d’un 2ème cyclone mais parce-que Horta est le port le plus sûr des Açores.
Au confluent des routes maritimes de l’Atlantique Nord, Horta est devenu synonyme d’escale aux Açores, et un passage obligé pour ceux qui effectuent leur transat retour, ou qui souhaitent simplement laisser une trace de leur passage. Car la tradition du dessin sur la digue par les marins perdure plus que jamais, et fait l’essentiel du charme de ce port. L’ordinaire balade sur les digues, le soir au coucher, vous transporte vers de multiples horizons. « Non, non ! Ne regardez pas le coucher de soleil sur le mont Pico ! Mais les dessins sous vos pieds. Eux vous feront voyager au bout du monde ». Une idée excellente pour le tourisme ! N’est-ce pas ? Il suffisait juste pour que la tradition rencontre une complète adhésion des marins d’y ajouter une superstition : « Qui quitte le port d’Horta sans faire son dessin finira son voyage contre vents et tempêtes ». Elémentaire ! Le marin étant très superstitieux, les digues du port d’Horta, pourtant infiniment longues, sont toujours recouvertes de dessins de bateaux, de cartes marines, de noms et de dates.
Evidemment nous ferons de même, non par peur des représailles d’Eole ou de Cupidon, mais parce-que nous avons aimé parcourir ces digues, retrouver nos anciens dessins (déjà quatre pour le capitaine !), ainsi que ceux d’amis, découvrir le parcours d’autres voyageurs en ayant l’impression d’appartenir à une grande famille. Ces dessins témoignent de toutes les histoires de marins qui se sont racontées ici. Sans doute pour la plupart chez Peter ! Un des bars de marins les plus connus au monde qui, lui aussi, a sa tradition : celle de laisser son pavillon au mur en échange de celui à l’effigie du bar. Malin non ? Pour la déco !
Ici nous avons retrouvé des amis et fait de nouvelles rencontres, avec lesquels nous avons pu raconter nos histoires de marins chez Peter. D’inlassables discussions revenant invariablement vers Nadine. « Passera -  Passera pas ? ». « Repassera – repassera pas ?...ou du moins pas par là ? » « Cyclone ou tempête tropicale ? ». Nadine valse sur l’Atlantique nord, fait tourner la tête aux girouettes, rend fous les pronostics météo, et use les nerfs des marins qui restent au bistro. Un ballet qui aura duré près de 3 semaines (un record de durée pour une tempête tropicale qui nous poursuivra jusqu’à Terceira). A Horta elle viendra finalement siffler à plus de 60 nœuds.
Aucun dommage pour la Coccinelle, bien emmitouflée dans le fond du port.
Lassés des caprices de Nadine, nous profiterons d’une courte fenêtre pour quitter Horta vers Sao Jorge…
Nous n’aurons pas visité l’île, un prétexte pour revenir ici, dans quelques années… Nous avons un dessin à finir !

 Vue sur le mont Pico

 Horta

Horta, à l'approche de Nadine

 Horta, le nouveau port de commerce

 opération chirurgicale pour doudou

 la grande lessive

notre dessin

Flores, l’île aux trésors … naturels !














Par : Armelle.

Décidément Flores se mérite. Mais la récompense en vaut la peine…
La traversée un peu houleuse, avec des grains, des vents changeants et capricieux et de nouveau un problème de refroidissement du moteur, nous a laissés tous les deux nauséeux, Gilles le nez dans les durites et la turbine de la pompe à eau du moteur, et moi le mien au dessus de l’échappement à guetter la goutte d’eau salvatrice. Nous arrivons finalement en fin de journée du 31 août, devant un spectacle de falaises et de cascades, annihilant d’un seul coup tous les mauvais souvenirs de la route, et purifiant d’une bouffée d’air frais notre transit débordant.
Enfin Flores ! Après un mois et demi de voyage nous voici devant la première de nos destinations rêvées (avec presqu’un mois de retard sur notre programme). L’escale sera de courte durée, seulement une semaine, car le port est peu recommandé par forte houle d’Est et malheureusement, la fenêtre météo ne nous en accordera pas davantage. Déjà Nadine, nouvelle tempête tropicale, encore bien loin, fait écho jusqu’ici en envoyant une grosse et longue houle.
Cette semaine aura pourtant été riche en rencontres et découverte de paysages.
Nous aurons la chance de partager ‘la soupe du Saint Esprit’ avec les habitants de Lajes. Les florentins comme beaucoup d’açoriens vénèrent le culte du Saint Esprit, une confrérie qui s’est généralisée dans toutes les îles depuis le 16ème siècle. Ce repas partagé fait partie des nombreuses fêtes religieuses de ce culte. C’est une soupe faite à base de viande de bœuf et de pain, puis de viande grillée et enfin d’un gâteau brioché, accompagné bien entendu de vin ! Le tout organisé et financé par une famille qui souhaite remercier, de cette manière, le Saint Esprit. Les étrangers sont les bienvenus.
Nous ferons la connaissance d’Alain et Anita, un couple de français, anciens nomades des mers comme nous, tombés amoureux de cette île il y a bientôt 25 ans, et qui se sont construit un petit paradis, après de longues années de travail et d’obstination qui forceront notre admiration.
Enfin nous irons arpenter l’île (en voiture car n’oublions pas que nous voyageons avec deux p’tits boulets qui refusent de mettre un pied devant l’autre plus de 100 m !). Nous découvrirons les nombreux trésors naturels que renferme l’île pourtant si petite : des lacs de toutes les couleurs, des plaines verdoyantes, quadrillées de murets de pierres de lave, séparant des troupeaux de vaches ou des cultures, au pied de falaises desquelles s’échappent d’immenses et pléthoriques cascades. Une île renfermant autant de trésors que Sao Miguel mais sur une surface cinq fois moindre, sans touristes (nous étions début septembre), et sans les infrastructures qui en découlent. Flores semble encore peu touchée par la frénésie économique liée au tourisme. Sans doute est-elle encore épargnée par son éloignement. Ce côté ‘bout du monde’ ajoute encore à son charme. Car qui se donnera la peine de faire quelques milles de plus pour venir jusqu’ici se verra offrir en récompense un vrai bouquet de joyaux naturels. Eblouissant !
A ceux, terriens, qui voudraient en profiter nous conseillons une bonne adresse : chez Alain et Anita. Vous avez le choix entre deux maisons typiquement florentines, situées dans un des endroits les plus jolis de l’île (http://www.ferienhaus-flores.de/)
Nous quitterons Flores avec regret, sans même avoir eu le temps de visiter le cratère de Corvo, l’île voisine.
La houle étant déjà présente, celle-ci n’épargnera que l’estomac du capitaine qui restera tout seul sur le pont pendant que son équipage sera cloué dans les cabines. Mais son courage sera récompensé au petit matin  par le saut d’une baleine géante, spectacle tellement rare !

 Le port de Lajes, le seul de Flores

 Flores, vue sur Corvo

 Flores

 Flores

 Flores

Flores

 Flores

 les bords de route … verdoyant !

 Cascades de Flores

 lacs de Flores

 lacs de Flores

 portrait de famille

 jeu des filles pendant que les parents prennent l’apéro dans le cockpit

la traite des vaches (pour de faux !)