L'affaire 'Yves Godard'.
La disparition de la famille Godard, et notamment celle d'Yves Godard et de ses deux enfants en septembre 1999, Camille et Marius, à bord du voilier Nick. Et si l'explication passait par deux histoires quasi distinctes ? D'une part, la disparition du Nick à la suite d'une fortune de mer. Et d'autre part, l'assassinat de Marie Godard.
Il y a près de 25 ans, quand j'avais entendu parler de cette disparition, j'avais tout de suite pensé à une collision avec un navire. Mais l'idée de l'écrire et de mettre de l'ordre dans mes intuitions m'est venue il y a quelques mois, en écoutant le podcast d'une émission de la série 'Affaires Sensibles' sur France Inter, et qui traitait de l'affaire Godard. J'avais été déçu du récit documentaire, des témoignages reproduits, et surtout des conclusion abracadabrantesques d'Eric Lemasson, l'auteur du livre 'L'assassinat du Docteur Godard'. J'ai cependant acheté et lu le livre, pour me cultiver sur l'histoire. Mes réflexions sont théoriques, mais je pense cohérentes. Elles concernent dans un premier temps la partie maritime. Puis je me suis pris au jeu, et j'ai également réfléchi à la disparition de Marie Godard.
Octobre 1998.
Deux ans plus tôt, entre avril 1995 et juin 1996, à bord de Orca, mon petit voilier de 8 mètres, j'avais navigué autour du Monde à bride abattue, allant de Morlaix à Morlaix, en quinze mois, par Panama et Suez. Mon bateau était basique, pratiquement pas d'électricité, et la nuit je me signalais avec une lampe à pétrole suspendue au pataras. Ce jour d'octobre 1998, il fait nuit, les marées étant ce quelles sont, rares sont les ports qui en Bretagne Nord accessibles à toute heure. Pour sortir de Binic, et renter à Dahouët, je n'avais d'autre choix ce jour là que de naviguer de nuit. Huit milles nautiques environ séparent les deux ports. La route passe à quelques milles de la position où sera retrouvé plus tard le crâne de la petite Camille Godard. Je navigue à la voile, mais je n'ai aucun feu, les seuls dont je dispose sont à piles et les piles sont mortes. C'était une grosse négligence de ma part. Je me souviens encore, nous sommes un dimanche soir, je suis bien sûr dehors, en veille, la nuit est sombre. Je surveille les alentours, je ne distingue aucun feu à l'horizon. C'est arrivé en quelques secondes. Un bruit de moteur puissant. Et l'instant d'après la masse noire d'un gros bateau de pêche, en provenance du port du Légué, sans aucun feu de navigation (comme moi!), sans lumière aucune à la timonerie, il est passé à quelques mètres devant moi. A quelques secondes près, c'était la collision, et à ce petit jeu débile, j'aurais été perdant.
Janvier 2008.
La P'tite Julie, un chalutier, débarque sa pêche à Erquy. Soutage effectué, le chalutier de 25 mètres reprend la mer, à destination de sa zone de pêche, en Manche, entre les Scilly et la pointe Bretonne. A Erquy, après que la cale à poisson eût été vidée, un matelot l'a lavée à l'aide de la lance à incendie, à très gros débit, il s'agit d'une pratique courante. L'eau est ensuite évacuée des fonds de la cale à poissons par une autre pompe, via un puisard équipé d'une crépine. La P'tite Julie fait ensuite route au Nord Ouest pour aller contourner la Horaine puis les Héaux de Bréhat. Une fois quitté l'abri de la baie de Saint-Brieuc, le navire fait face à un vent frais, de 25 à 30 nœuds, avec des rafales de 35 à 40 noeuds, avec la mer du vent, autour de quatre mètres. A 2h30 du matin, la relève de quart qui aurait du être effectuée ne l'a pas été. L'homme de quart après avoir doublé Bréhat s'est-il assoupi ? En tous cas nul à bord du navire n'a remarqué que, heure après heure, la vitesse du chalutier diminuait, probablement au rythme de l'eau qui montait dans la cale à poisson. Sans que nul ne remarque le changement de comportement du navire. La vitesse et la position des navires de pêche sont relevés chaque heure par le CROSS, et une fois corrigées des courants de marée, on obtient les vitesses fond. Elles sont sans équivoque. Dix nœuds à 19h00, après avoir quitté Erquy. 9 nœuds à 23h00, 8 nœuds à 2h00, 6.4 nœuds à 4h00, 5.3 nœuds à 04h44, heure à laquelle a été lancé l'appel de détresse. Avec 1 mètre d'eau dans la cale, La P'tite Julie s'était déjà alourdi de 20 tonnes. 40 tonnes avec 1.5 mètres. 64 tonnes avec 2 mètres. Et quand le navire a coulé, par l'avant, il s'était probablement alourdi de 100 tonnes. Sur les sept membre d'équipage, un seul a survécu. (https://www.bea-mer.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/RET_LA_P_TITE_JULIE_1_Site.pdf).
Juillet 2013.
A bord de Coccinelle, nous sommes en mer depuis 24 jours, depuis que nous avons quitté Honolulu, Hawaï. Nous approchons des côtes d'Alaska. Nous vivons notre troisième coup de vent depuis le début de la traversée. Les deux premiers nous les avons négociés à la cape, confortablement, en faisant le gros dos, pour ne pas abîmer le bateau, pour ne pas risquer une avarie. Mais là Sitka n'est plus très loin, à 25 milles environ. Au milieu de la nuit, qui ne dure pratiquement plus, nous avons envoyé le tourmentin, orange fluo, incongru au milieu de la grisaille environnante. Les conditions sont rudes mais encore maniables, vague après vague, le voilier de 11 mètres monte et descend, gîté. Tout à l'heure je suis sorti faire quelques images avec la GoPro, avant de redescendre préparer le petit déjeuner des filles qui viennent de se réveiller. Quand soudain un bruit assourdissant se fait entendre. Au même moment, le chuintement de l'eau sur la coque a cessé. Nous venons de démâter (https://voiliercoccinelle.blogspot.com/search?updated-max=2014-09-26T18:04:00-07:00&max-results=7). L'espar, les voiles, l'antenne du radar, montent et descendent au gré des vagues, ensemble difforme, pantin désarticulé et désespérant, dans cette eau à quelques degrés seulement. Comment en est-on arrivés là ? Par quel concours de circonstances notre mât s'est-il brisé, avec pourtant un gréement dormant changé tout juste deux ans auparavant ? Entre Marquises et Hawaï, il avait fallu batailler avec un vent plutôt musclé, qui avait tendance à venir de l'avant, le résultat d'un ZITC active, et qui avait lourdement mis le gréement à contribution. Sur le bas hauban tribord, quelques torons avaient cédé. J'avais alors renforcé le câble à l'aide de fibre de Dyneema, et à Honolulu, un gréeur m'avait refait un câble. En Amérique du Nord, les mesures sont impériales et non pas métriques comme chez nous. Le gréeur m'avait alors fait part de son doute, il avait serti une boule qui lui paraissait un peu petite au vu du diamètre de la coquille. J'avais validé. Un peu moins de quatre semaines plus tard, la boule était passée à travers la coquille, entraînant la chute et la perte du mât et de l'intégralité du gréement. A petit détail, de lourdes conséquences.
Mercredi 1er septembre 1999.
Yves Godard, médecin installé à Caen, accompagné de deux de ses enfants, Camille, 6 ans, et Marius, 4 ans, retrouve à 10h30, au port des Bas Sablon, à Saint-Malo, le gestionnaire de la société Alet Location, auprès de laquelle il a loué un voilier, le Nick, un Jeanneau Sun Odyssey 30, pour quelques jours. Il gare son mini bus Volkswagen sur le parking des Bas Sablons, le port de plaisance de Saint-Malo. Le bateau a été réservé le 17 août pour le mardi 31 août. Au dernier moment, le 31, Yves Godard a reporté reporte le rendez-vous au lendemain 1er septembre : en effet ce 31 août à la suite du décès d'un proche de l'équipe enseignante les cours avaient été annulés. Aussi Yves Godard a-t-il emmené Marius et Camille à une partie de pêche à la ligne, sur le pourtour d'un étang de la région. A 11h, l'agent de la société de location voit Yves Godard et ses enfants remonter dans le van. Ce 1er septembre à Saint Malo, en attendant que la marée ne monte et permette au voilier de sortir du port des Bas Sablons, il part faire quelques courses à l'Intermarché, situé à 15 mn du port en voiture, où il achète notamment un flacon de MIR et deux rouleaux de sacs poubelle, une serpillière, des paquets de bonbons et de biscuits, des jouets pour enfants, et, plus surprenant pour un homme qui ne boit plus une goutte d'alcool, une bouteille de whisky. Et quelques trucs à grignoter. Il paye avec sa carte de crédit, il est 11h39. Quelques heures plus tard, quand la hauteur de la marée le permet, il quitte le port. Ce soir là pour la dernière fois, son téléphone portable (à l'époque, le téléphone mobile en était à ses balbutiements) borne sur l'émetteur de Saint Lunaire. Plus tard le vigile du port indiquera avoir trouvé, lors d'une ronde de nuit, la porte latérale du VW entrouverte, ainsi qu'une vitre tout aussi ouverte. Il fermera les deux. La veille, le 31 août, en fin de journée, vers 20h, heure approximative à laquelle Yves Godard est rentré de la partie de pêche, Fanny, la fille de 16 ans de Marie, issue d'une précédente union, et qui vit avec le couple en garde alternée, avec son frère Léo, parle au téléphone avec sa mère, et à aucun moment celle-ci n'évoque le départ en voilier. A 21h, Yves Godard sort les poubelles.
Jeudi 2 septembre 1999.
Le lendemain, en fin de journée, le petit navire des Douanes DF 79 La Rance patrouille entre Cap d'Erquy et Cap Fréhel. Devant les Sables d'Or, la brise est légère mais suffisante pour naviguer à la voile, plusieurs voiliers naviguent d'ailleurs à la voile, sauf un, le Nick, qui navigue au moteur, tirant derrière lui son annexe. Ce qui intrigue les douaniers. Il fait route à l'Est. Après s'en être venus à couple, l'un des douaniers, Roberto Fraga, monte à bord du Nick, pour un contrôle de routine. Il est 19h30, et pourtant les deux enfants dorment à l'intérieur du bateau, la grande, Camille est allongée sur une banquette du carré, dans une position surprenante, sur le ventre, les bras le long du corps, le petit Marius étant quant à lui et selon les dires du père, assoupi dans la cabine arrière. Le douanier reste dehors quand Yves Godard descend chercher les papiers, le fonctionnaire n'a aucune raison de descendre dans le carré, et Yves Godard lui a demandé de prendre la barre. Le douanier regagne son bateau La Rance. Yves Godard est un habitué des lieux. Il a passé son enfance à Saint Briac, même s'il est né à Paris. Ce sera la dernière fois que la présence du voilier et de son équipage sera avérée de façon formelle.
Vendredi 3 septembre 1999.
Fanny, en compagnie de son frère, était sensée revenir ce vendredi à Tilly. Elle ne réussit pas à avoir sa mère au téléphone, inquiète, elle se rend sur place, conduite par son père qui attend dans la voiture. Elle ne remarque rien, et notamment pas les traces de sang sur le lit, dans l'escalier et dans le salon. Mais elles sont déjà là puisque le plaid maculé a été mis dans le lave linge, qui a tourné, mais n'a pas été vidé. Elle le trouve, le remet sur le canapé. Sur la table, elle découvre le petit mot qu'Yves Godard a laissé à son attention et celle de son frère. Il est écrit : « Léo, Fanny. Nous partons quelques jours, pour décompresser. Nous revenons dimanche après-midi. Bisous. Yves, Marie ». Rassurée, Fanny rejoint son père dans la voiture et s'en va. La disparition de Marie est donc intervenue entre le mardi 31 août vers 20h00, et le vendredi 3 septembre aux environs de 16h30.
Dimanche 5 septembre 1999.
A 35 milles au Nord de Roscoff, le fileyeur Askara aperçoit à la surface de la mer une petite annexe, de type Bombard ou Zodiac AX2 ou AX3, célèbre pour son plancher à lattes qui se roule avec l'annexe. Les rames sont engagées dans les dames de nage, le bout d'amarrage est à l'intérieur de l'annexe. Coincé sous une latte, les marins de l'Askara découvrent une veste de mer jaune, avec à l'intérieur dans une poche, un chéquier au nom de... Yves Godard. Cette position est située à 90 milles des Ebihens. L'affaire est lancée.
Mardi 7 septembre 1999.
A Saint-Malo les gendarmes découvrent des taches de sang à l'arrière du VW d'Yves Godard. Il est stationné sur le parking du port des Bas Sablons. Les portes ne sont pas condamnées, comme l'avait remarqué le vigile.
Mercredi 8 septembre 1999.
Les gendarmes découvrent au domicile du couple d'importantes traces de sang dans la chambre conjugale, la salle de bains et le salon. Le sang appartient à l'épouse de Yves Godard, Marie. Nul ne la retrouvera jamais. Les enquêteurs découvrent aussi un bien étrange agenda, celui sur lequel Yves ou Marie Godard notent les futurs rendez-vous avec ses patients. Pour ces quelques jours qui vont jusqu'au vendredi 16 septembre, les horaires et les noms, qui avaient été notés au crayon papier, ont été gommés, mais de façon grossière. Les enquêteurs n'auront ensuite aucune difficulté à les faire apparaître. Et constateront que si pour la moitié d'entre eux il s'agissait bien de véritables patients du docteur, les autres étaient bidons, ils n'existaient pas. Cet agenda est venu épaissir encore un peu plus le mystère.
Vendredi 16 septembre 1999.
Dix jours déjà que Yves Godard accompagné de ses enfants aurait du ramener le Nick à Saint-Malo. L'annexe a été retrouvée au large de l'île de Batz. Un voilier découvre, au large du Cap de la Hague, une brassière de sauvetage marquée au nom du Nick. Le mystère s'épaissit.
Jeudi 22 septembre 1999.
Côte Sud de l'Angleterre, sur une plage du West Dorsett, une mamie qui promène ses chats en laisse aperçoit sur la plage ce qui ressemble à un bateau gonflable... en grande partie dégonflé. Il s'agit d'un radeau de survie modèle Transocéan Classe 2, fabriqué par la société Plastimo à Lorient. Plus tard il sera inspecté par les ingénieurs de l'entreprise. Ces radeaux sont équipés d'une bouteille d'air comprimé qui se déclenche après qu'il ai été donné un coup sec sur le cordage qui le retient le radeau (conditionné en container) au bateau. La bouteille a été arrachée, mais le radeau ne s'est pas complètement dégonflé. Il est également noté que les poches d'eau, situées sous le radeau et dont le rôle est d'une part de ralentir la dérive du radeau, et d'autre part de l'empêcher de se retourner dans le mauvais temps en jouant le rôle de lest, ont été arrachées. Idem pour la tente, et dont il ne reste rien ; tout a été arraché. Le radeau du Nick récupéré sur cette plage était aux ¾ dégonflé. Détail intéressant lors de cet examen réalisé chez Plastimo par les enquêteurs, des fragments d'amarre de couleur bleue ont pu être récupérés au fond du radeau, dans les replis des boudins. Les fins limiers de la gendarmerie ont même réussi à en identifier le fabriquant au Portugal. Ces cordages sont typiques des apparaux utilisés sur les bateaux de pêche. Un bâtonnet de sucette y a également été retrouvé.
16 janvier 2000.
Au Nord de l'île de Batz, pas très loin de là où quelques mois plus tôt, avait été récupérée l'annexe, le chalutier Mélissandre remonte dans ses filets un sac de sport vert. Il contient des vêtements d'enfant, sous pulls et coupe vents, des bottes et des tennis, des jumelles et des clés de voiture. Les cartes grises des voitures d'Yves Godard et de sa femme ; et un autre carnet de chèques. Ainsi qu'un marteau. Le sac a passé quatre mois dans l'eau. Quelques jours plus tard, un dragueur de mines explore la zone, à la recherche de l'épave du voilier, en vain.
5 juin 2000.
Cette nuit-là, entre Rohein et Grand Léjon, l'Indomptable, un petit bateau basé à Dahouët, remonte à bord un petit crâne. Dans la précipitation, le patron demande à son matelot de le rejeter à la mer. Ce qu'il fait. Quelques heures plus tard, il remonte un deuxième crâne. Ce deuxième ossement est conservé. Plus tard, les analyses ADN montreront que ce deuxième crâne était celui de la petite Camille. Le premier était probablement celui de Marius.
De février à juillet 2001.
Sur la plage de la Chapelle, aux Ebihens, devant Saint Jacut de la Mer, plusieurs cartes de crédit révolving et autres cartes de mutuelle, toutes au nom d'Yves Godard, sont retrouvées. Le mystère s'épaissit. Ces trouvailles vont s'étaler jusqu'au 14 décembre 2008, date à laquelle une ultime carte sera retrouvée, toujours sur la même plage.
13 septembre 2006.
Les années ont passé. Au niveau de la fosse des Casquets, à 35 milles au Nord de Roscoff et de l'île de Batz, le At Fyz, un navire de pêche, remonte à bord... un tibia et un fémur humains. Plus tard, les analyses concluront que ces ossements appartiennent à Yves Godard.
Démêler l'écheveau.
Alors que s'est-il passé ? Et s'il y avait deux histoires distinctes dans cette affaire ? Des problématiques pléthoriques et inextricables si elles sont prises dans leur ensemble. Mais pas si on le découpe en deux. D'une part la disparition d'Yves Godard et de ses enfants, qui ne serait que le résultat d'une fortune de mer. Et d'autre part, la disparition de Marie Godard..
Ce qui va suivre n'est qu'une hypothèse, issue de mes réflexions. Mais tout concorde, et à chaque mystère correspond une explication plausible. Même si la justice a conclut qu'en aucun cas la disparition d'Yves Godard ne pouvait être liée à une quelconque fortune de mer.
Je suis marin, je m'estime expérimenté, et je pense le contraire.
Retour en arrière : les 1er et 2 septembre 1999. Le Nick passe la nuit au mouillage aux Ebihens.
Le Nick quitte son catway dans l'après-midi. Amoureux du coin, où il a navigué toute sa vie (les bateaux de son père y étaient amarrés), Yves Godard vient probablement mouiller aux Ebihen, puisque c'est là que la mer va rendre ses cartes, au fil des années. Accompagné de ses enfants il descend à terre sur la plage, pour une balade sur l'île. C'est là qu'il perd son porte cartes. De retour à bord du voilier, on peut imaginer qu'il y passent la nuit, au mouillage sur ancre. Le lendemain, il change de mouillage. Il s'est peut-être rapproché des Hôpitaux, ce joli mouillage à proximité de la chapelle Saint Michel, à 12 milles des Ebihens (20 kilomètres environ), soit trois petites heures de navigation, sur la commune d'Erquy, où il aura passé la journée. Lorsqu'il s'agit de changer de mouillage, il est commun de ne pas hisser la grand-voile, surtout si la mer est plate (la grand-voile hissée quand un voilier navigue au moteur évite qu'il ne roule trop) et de se contenter de se déplacer au moteur. L'annexe est alors remorquée derrière. Ce qui a amené la Douane à venir contrôler le Nick, au large de la plage des Sables d'Or. Il m'est arrivé par le passé d'être contrôlé par les Douanes uniquement parce que je naviguais... en novembre. Un peu libertaire, voire même libertarien comme le prouvent ses accointances avec le CDCA, dont il a été le trésorier, ce qui explique les comptes détenus notamment à Madère, Yves Godard n'est pas très heureux de subir ce contrôle. Il répond sèchement au douanier. J'avoue être surpris par le fait que les deux enfants aient pu être endormis à 19h30 à l'intérieur du bateau. Peut-être s'étaient-ils beaucoup dépensés sur la plage ? Ce contrôle représente le dernier fait avéré de la présence du Nick à un endroit déterminé. Les autres témoignages seront bien entendu de bonne foi, mais arriveront après la médiatisation de la disparition de la famille. De la région de Plouha à l'île de Man, à la Crête ou au Brésil, et même l'Afrique du Sud, Yves Godard a été, après que sa photo ai été diffusée de façon massive, vu un peu partout. Il paraît même que des cosmonautes russes à bord de l'ISS auraient aperçu trois spationautes, vêtus d'un grand et de deux petits scaphandres, virevoltant autour de la Station Spatiale Internationale. Seule l'absence de lanceur disponible, suite aux problèmes de la Navette Spatiale États-unienne, a empêché les enquêteurs de s'y rendre.
Le drame : le Nick est abordé par un navire.
Apolline est montée sur le bateau alors qu'elle avait six semaines, Camille quant à elle avait un peu plus de deux ans. Les deux en sont descendues neuf ans plus tard. Entre temps elles avaient fait quatre traversées océaniques, dont une de 28 jours entre les Galapagos et l'île de Pitcairn. Les autres ont duré environ 24 jours. Elles avaient leurs repères à bord. Chaque après-midi en mer elles avaient droit à un temps d'écran, un dessin animé, ou un épisode de 'C'est pas sorcier'. Elles avaient leur boîte remplie à ras bord de Lego, une autre caisse dédiée aux doudous ou aux poupées, Barbie ou autres. Je ne crois pas qu'elles ne se soient jamais ennuyées à bord. Par contre je peux très bien imaginer que les choses fussent différentes avec des enfants qui n'ont pas avec eux leurs jouets habituels. Alors il est permis d'imaginer que Yves Godard ai pris la décision de naviguer de nuit, afin de traverser la baie de Saint-Brieuc, et de prendre la direction des Heaux de Bréhat puis de Perros Guirec, où il avait l'intention de se rendre. Et c'est peut-être là qu'est survenu le drame. Le Nick a probablement été abordé par un navire. L'un a rattrapé l'autre et l'a percuté sur l'arrière. Admettons que le Nick naviguait à 4 ou 5 nœuds, à la voile ou au moteur, il aurait été heurté par un navire qui lui se déplace à 10 nœuds. Quelles que soient les conditions de mer. On imagine le choc extrêmement violent, pas tant que ça cependant, dans le sens où l'étrave du navire pousse de l'eau, et cette eau a probablement amorti le choc. On peut imaginer que l'homme de quart, à la passerelle d'un navire de pêche, recherche dans la nuit essentiellement un autre navire de pêche, qui sont en général éclairés par de puissants projecteurs. Afin d'être mieux repérés, certains allument aussi un gyrophare orange, similaire à ceux utilisés en agriculture. Mais pas un petit voilier. La saison en septembre et terminée, chacun a repris le chemin du travail, les bateaux de plaisance sont désormais plus rares. Et ce d'autant plus de nuit. Et plus encore en baie de Saint-Brieuc, qui n'est pas un lieu de transit hauturier comme peut l'être le reste de la Manche. Alors il est permis d'imaginer que la personne de quart ne l'a pas vue, cette petite loupiote blanche au ras de l'eau (ou peut-être en tête de mât ?), sur le tableau arrière du voilier, qui signale sa poupe, et qui n'éclaire que faiblement. Et si ni l'un ni l'autre des navires n'avaient allumé leurs feux, comme cela m'était arrivé l'année précédente ? Les catastrophes sont dans la plupart des cas le résultat de l'accumulation de petits incidents, insignifiant s'ils sont pris indépendamment, et qui additionnés les uns aux autres déclenchent un cataclysme.
L'équipage du navire abordeur ne s'est rendu compte de rien.
J'ai commencé le récit de mes réflexions en citant le naufrage de La P'tite Julie. Ce bateau de 25 mètres a pu faire route toutes ces heures durant, face à une mer creuse de quatre mètres, tandis que le bateau se remplissait d'eau, mille après mille, sans que personne à bord ne remarque quoi que ce soit. Jusqu'à avoir à bord et selon le BEA jusqu'à 100 tonnes d'eau. La mer était grosse et on peut suggérer qu'ils souffraient tous d'un mal de mer tenace qui les aurait plongés dans un sommeil profond. Si personne à bord de La P'tite Julie n'a remarqué que le bateau avait embarqué autant d'eau, quid d'un petit voilier de 3 tonnes, long de 9 mètres, avec un morceau de mât accroché à l'étrave et qui dans la nuit ne se voit pas, à une dizaine de mètres à l'avant de la timonerie ? On peut imaginer qu'au moment de la collision, Yves Godard se trouvait à l'intérieur, où il était descendu pour un court instant, et non pas dehors avec ses enfants, sinon on n'aurait pas retrouvé ses os au large de l'île de Batz. S'il n'a pas réussi à en sortir c'est que aussitôt après l'impact le Nick s'est rempli d'eau, et il est probablement mort noyé à l'intérieur. Lui non plus n'aura pas vu le navire qui arrivait derrière sur une route de collision. On peut aussi supposer que ses enfants ne portaient pas de gilet de sauvetage, ces petites brassières oranges adaptées à leur morphologie. Sinon leur corps aurait flotté, et peut-être seraient ils aujourd'hui toujours en vie. Mes enfants quand ils avaient l'âge de Marius et Camille ne portaient pas de gilet quand ils étaient dans le cockpit, mais la règle à bord rendait obligatoire la présence dehors de l'un ou l'autre des parents. Et si nous nous aventurions sur le pont alors ils capelaient leur gilet. Yves Godard semble avoir été à ce sujet un peu léger en laissant ses deux enfants qui à 4 et 6 ans ne savaient pas encore nager, seuls jouer sur le ponton, comme l'a indiqué le gestionnaire de la société Alet Location.
Le radeau de survie gonflé puis remorqué, ballotté, déchiré, avant de se libérer et dériver jusqu'en Angleterre.
Sur le Sun Odyssey 30, le radeau de survie est situé tout à l'arrière. Lors du choc il aura été sorti de son logement, avant de finir rapidement à l'eau, et d'être traîné à 10 nœuds, ce qui aura déclenché son gonflement automatique. En effet, l'extrémité du cordage du radeau est toujours frappée sur un point fixe sur le bateau. On peut supposer qu'au même moment l'étrave du navire abordeur s'est prise dans les haubans, et le voilier s'est fait entraîner, plaqué le long de son bordé, d'un côté ou de l'autre, tandis que derrière le radeau de sauvetage lui aussi 'chalutait', à une dizaine de mètres à l'arrière du voilier. Avec un radeau ballottée dans tous les sens, les appendices, remplis d'eau, n'auront pas résisté très longtemps. Les appendices du radeau, ce sont la tente, les poches d'eau, et les marches pour pouvoir grimper dans la survie depuis la mer. En 2010, j'avais suivi auprès de MACIF Centre de Voile un stage de survie ISAAF, formation obligatoire pour participer à une course au large. Dans ce cadre (c'était en février, quelques heures avant l'arrivée de la tempête Xyntia à La Rochelle!), vêtus d'une combinaison de survie, nous avions percuté un radeau, c'est à dire qu'il avait été jeté à l'eau et son gonflement avait été déclenché par un coup brusque sur le cordage. Puis avec mes comparses, vêtus d'une combinaison de survie, nous nous étions jetés à l'eau, avant de monter à bord du radeau. En dehors des deux rangs de boudins gonflables et du plancher (lui aussi gonflable dans le cas des radeaux hauturiers), l'embarcation dispose dessous de marches en tissus, et de poches, en tissus également, qui se remplissent d'eau et qui ont deux rôles. D'une part, celui de limiter la dérive du radeau, et d'autre part, d'assurer sa stabilité, en l'empêchant de chavirer. Regardez quand sur une plage un ballon parti sur l'eau, la vitesse à laquelle il s'éloigne, poussé par le vent. Même si les frottements sont plus importants sur un radeau que sur un ballon, sans ces poches, le radeau dérive très vite. Alchimie des vents et des courants, il aura fini sur une plage d'Angleterre. Le trimaran de Charlie Capelle, A'Capella, avait au retour d'une Route du Rhum chaviré au large de Terre Neuve. A l'envers, le bateau avait dérivé et ainsi traversé l'Atlantique jusqu'à s'échouer neuf mois plus tard sur une plage de Galice, en Espagne. Le radeau possède également un arceau gonflable, qui va soutenir la tente, et protéger ses éventuels occupants. Il suffit d'imaginer le radeau du Nick traîné le long de la coque du navire à 10 nœuds. Les coutures des poches ne sont pas faites pour supporter un tel effort. Idem pour l'arceau et la toile de tente, avec une telle prise à l'eau, dès qu'elle se sera remplie, il est pratiquement certain qu'elle n'aura résisté que quelques secondes. Ensuite plus rien ne venait freiner la survie ballottée le long du flanc du navire, et elle a pu ainsi rester là plusieurs heures. Car les boudins sont costauds, avec une double enveloppe il me semble. La construction est sérieuse, et les radeau fabriqués par Plastimo ont bonne réputation. Mais à 10 nœuds il fallait bien que quelque chose finisse par casser. Et ça aura été la bouteille d'air comprimé, sur laquelle est frappé le bout qui retient le radeau au bateau. Peut-être les vibrations ont-elles fini par desserrer les deux écrus ? Il aura probablement fallu du temps avant que la bouteille ne cède, car pour arriver là où s'est échoué le radeau, après que l'étrange équipage, constitué d'un navire avec à son étrave un voilier, et sur les flancs du navire, derrière le voilier, un radeau de survie, n'ai doublé les Heaux de Bréhat. La présence de cordages de pêche retrouvés à l'intérieur de la survie pourrait laisser penser qu'il s'agissait peut-être d'un navire de pêche. Je n'ai pas d'explication en ce qui concerne le bâtonnet de sucette retrouvé dans le radeau. A ma connaissance, du moins sur les radeaux de la marque Viking, la bouteille peut très bien être retirée, notamment pour qu'elle soit pesée afin de vérifier lors des révisions si la contenance en air comprimé est conforme. Par soucis d'économie et alors que je me trouvais en Nouvelle Zélande, en 2023, j'avais révisé mon radeau par moi-même, je l'avais gonflé manuellement, retiré et pesé la bouteille, etc. j'ai donc quelques notions sur le sujet.
Le voilier est ainsi resté accroché à l'étrave du navire toute la nuit, jusqu'aux premières lueurs du jour.
Lors du choc, je pense que c'est le gréement du voilier qui s'est pris dans la haute étrave du navire. En baie de Saint Brieuc, probablement là où ont été remontés les deux petits crânes, entre le Rohein et le Petit Léjon. Il est vraisemblable que les enfants étaient alors dans le cockpit, peut-être roulés dans un plaid, sans gilet comme je l'ai suggéré plus haut, partageant avec leur père la beauté et la quiétude d'un début de nuit de fin d'été en mer. Car s'ils avaient été à l'intérieur, les petits crânes n'auraient pas été retrouvés près du Rohein. C'est probablement à ce moment que le gilet de sauvetage se sera retrouvé à l'eau. On peut imaginer que le bateau est ainsi resté plus ou moins intact un certain temps. Quand je dis intact je pense à son intégrité structurelle, car il aura bien sûr été endommagé lors du choc, rempli d'eau, et aussi par les mouvements de frottement de la coque en polyester sur la coque en acier. On peut imaginer que le voilier est ainsi resté plus ou moins intègre un certain temps, plusieurs heures durant. Pourquoi intact ? Parce qu'on n'a rien retrouvé en baie de Saint Brieuc, si ce ne sont les petits crânes. Pas même le dragueur de mines dépêché sur place, et que l'on peut considérer comme performant pour ce genre d'exercice. Plus tard, à proximité, a surgit le champ d'éoliennes off shore de la baie de Saint Brieuc, et on peut imaginer que chaque m² de la baie a depuis été passé au peigne fin.
Jusqu'au large de l'île de Batz.
Le voilier sera peut-être ainsi resté accroché jusqu'au lever du jour, quand l'équipage du bateau abordeur se sera rendu compte de sa présence. Il aura du rester coincé au moins huit heures sur son étrave, le temps qu'il faut pour parcourir la distance qui sépare le lieu supposé de l'abordage (vers le Petit Léjon), à la zone où ont été retrouvés l'annexe, le sac, et les ossements de Yves Godard. Ce qui correspond en gros à la durée de la nuit début septembre, d'une petite dizaine d'heures déjà. Mais pourquoi après toutes ces heures le voilier se serait-il dégagé seul de l'étrave ? Le fait d'arrêter le navire aurait peut-être suffit. Je ne crois pas. Le navire s'est arrêté, et faute de pression sur le voilier, c'est à ce moment-là que le corps d'Yves Godard, ainsi que le sac, se seront retrouvés à la mer. On peut imaginer que malgré le fait que le navire se soit arrêté, le gréement était toujours bien coincé dans l'étrave. Il aurait alors fallu pour que le voilier se décroche battre en marche arrière. Le voilier devait alors être rempli d'eau. On peut aussi imaginer qu'à ce moment l'annexe était arrimée sur le roof. Certains préfèrent l'amarrer le long du tableau arrière mais personnellement je n'aime pas ça. Je préfère la hisser sur le rouf en la laissant à l'endroit, sanglée, avec ses avirons à poste, et il m'arrive parfois de stocker du matériel dedans, la nourrice à essence, un taud, etc. Et ce même pour de grandes navigations. Ainsi avant de réviser ma survie en Nouvelle Zélande j'ai navigué avec mon annexe gonflée sur le rouf entre Tuamotu et Nouvelle Zélande, soit 3000 milles (5500 km environ). Yves Godard était expérimenté et j'imagine qu'il aurait fait la même chose que moi. Après être allé à terre aux Ebihens (et peut-être aux Hôpitaux à Erquy), il aura laissé son ciré dans l'annexe, en oubliant que dans une poche se trouvait son chéquier) et les avirons engagés dans les dames de nage. Je fais de même. Avec le petit temps qui régnait alors rien ne pouvait lui arriver. On peut supposer que l'équipage du navire abordeur s'apprêtait alors à larguer le voilier pour qu'il coule, et c'est la raison pour laquelle l'annexe a été larguée, afin qu'elle n'empêche pas le Nick de sombrer. La réserve de flottabilité de l'annexe n'est pas énorme, mais ça peut faire la différence, surtout si des bulles d'air persistent dans le voilier. Puis ils se seront ravisés en se disant que par ces fonds d'une petite centaine de mètres, l'épave serait un jour ou l'autre repérée. Peu de temps après son naufrage, l'épave de La P'tite Julie avait ainsi été 'crochée' par un autre navire de pêche (voir le rapport du BEA). Pris de panique, et se sentant coupable de ne pas s'être rendu compte plus tôt de l'abordage, on peut imaginer que l'équipage aura pris la décision de faire disparaître l'épave en allant plus loin vers le golfe de Gascogne, à 150 milles de là (oui je sais ça fait beaucoup, une quinzaine d'heures de route à 10 noeuds), dans les fonds de plusieurs milliers de mètres, au large du plateau continental. Ainsi l'équipage du bateau abordeur aurait fait disparaître toute trace de l'accident. Pas de voilier, pas d'identification, pas d'erreur de navigation. Et pas d'emmerdes. Comme l'a fait dans un premier temps en baie de Saint Brieuc le matelot de l'Indomptable quand il a remonté lors d'un premier trait de chalut le petit crâne (probablement celui de Marius) avant de aussitôt le remettre à l'eau. En mer on ne pense pas toujours comme on peut le faire à terre. Et comme on a tendance à le dire parfois, ce qui se passe à bord d'un bateau ne quitte pas le bateau.
Une explication plausible pour les cartes retrouvées aux Ebihens.
Les cartes de crédit ont été retrouvées longtemps après la disparition, sur une plage des Ebihens. Selon les experts et je suis d'accord sur ce point, elles n'ont pas pu rester immergées tout ce temps et ensuite apparaître comme neuves dans le sable. Mais si et comme ça existait auparavant, elles avaient été glissées une à une dans une protection en plastique transparent ? De mon expérience en bateau je sais que les éléments soumis durant une même durée à l'environnement marin (et surtout au soleil il est vrai), meurent tous en même temps. Je veux parler du plastique. On eut donc imaginer qu'Yves Godard ai perdu son porte cartes aux Ebihens, lors de son escale supposée du 1er septembre. Ou qu'il ai été volé dans le ciré resté dans l'annexe sur la plage, mais c'est peu probable. Le voleur aurait alors aussi pris le chéquier. Si ce porte cartes était en cuir, il est logique qu'après tout ce temps il ne restait rien du cuir. Par contre les étuis en plastique auront tenu plus longtemps, jusqu'à ce que eux aussi ne finissent par se déliter, laissant les cartes comme neuves, puisqu'elles avaient été protégées, les unes contre les autres, et à l'abri de la lumière. Et le sac de voyage ? Dont le contenu s'est avéré intact après plusieurs mois dans l'eau ? Sans lumière le pourrissement dans l'eau prend bien plus de temps. Il m'est arrivé il y a quelques années de laisser mon bateau seul au mouillage, sous les tropiques, dans une eau à plus de 25 degrés. En l'occurrence à Taravao, sur la presqu'île de Tahiti. L'hélice et son arbre, respectivement en bronze et en inox, sont les parties les plus sensibles aux salissures, exemptes de peinture anti salissures, rapidement, sous l'effet de la lumière, elles se recouvrent de concrétions, et de toutes sortes d'organismes sous marins. Un simple sac poubelle noir, relativement épais cependant, glissé tout autour de l'hélice et de son arbre, frappé avec des ficelles, suffit à stopper net tout développement d'organismes.
Conclusion.
J'imagine qu'au cours de l'enquête des recherches ont déjà été effectuées afin d'identifier des navires qui auraient pu naviguer en baie de Saint Brieuc cette nuit là, avant de se diriger vers l'Ouest de la Manche. Et que le trajet qui va de Saint Malo ou d'Erquy aux Heaux de Bréhat et qui rejoint les postions où ont été retrouvés d'une part l'annexe et d'autre part les ossements d'Yves Godard ont déjà été sondés par la Marine Nationale. Quant à aller sonder les grands fonds...
Deuxième énigme.
J'avais prévu de m'en tenir à la partie maritime de l'affaire, à la disparition du bateau et de son équipage, et laisser de côté celle de Marie, pour laquelle je ne suis pas expert. Car comme je l'ai suggéré dans la première partie de mon texte, il s'agit selon mes réflexions de deux histoires différentes. La mort de deux êtres qui s'aimaient, dans un incroyable et effroyable concours de circonstances. Et puis je me suis laissé happé par l'affaire, cogitant des heures, des jours et des semaines, et même des mois. Jusqu'à arriver à cette hypothèse. Là aussi, tout concorde.
Autant l'écrire tout de suite, et comme le laisse supposer la première partie de ma théorie. Je ne crois pas qu'Yves Godard ai assassiné sa femme Marie.
Reprenons depuis le début, depuis cet après-midi de la journée du mardi 31 août au cours de laquelle Yves Godard a emmené ses enfants pour une partie de pêche à la ligne au bord d'un étang. Yves Godard avait réservé le bateau depuis quelques semaines, mais il n'en n'avait pas parlé à Marie, car il voulait lui faire une surprise. Le rêve d'un homme qui a entre autre passion la mer, la voile et les bateaux ; une passion qu'il aurait aimé pouvoir partager avec Marie sa nouvelle épouse, comme il avait pu la partager avec sa première, Régine. Alors il manigance tout. Non pas pour disparaître à tout jamais et refaire sa vie dans un pays lointain, mais pour proposer à Marie quelques jours entre ciel et mer, tous les quatre, en famille, en baie de Saint-Brieuc, avec leurs deux enfants. Plusieurs semaines en amont, parallèlement avec la réservation du voilier, il inscrit sur son agenda et pour cette semaine du 30 août des rendez-vous bidons, certains patients sous leur véritable patronyme, d'autres complètement fantaisistes ; ceci afin de ne pas alerter Marie, et surtout pour qu'elle ne prenne pas de rendez-vous bien réels ceux-là et qu'il faudrait annuler au dernier moment, avant de partir naviguer. L'un d'eux cependant passera au travers du stratagème imaginé par Yves Godard, une patiente se présentera au cabinet le mardi, et trouvera bien entendu porte close. Yves Godard est un romantique, il lui est arrivé pour l'anniversaire de Marie de lui faire livrer des fleurs en signant d'un inconnu qui aurait entendu parler de la date d'anniversaire. Faire une surprise à sa bien aimée, c'est aussi la raison pour laquelle Yves Godard n'a pas prévenu la voisine pour qu'elle vienne s'occuper du ou des chats ; et qu'il n'a pas déposé de boites de croquettes comme il le fait habituellement quand ils s'absentent quelques jours. Car en faisant ainsi, il aurait pris le risque de voir la voisine 'cafeter' l'info et le projet de la croisière auprès de Marie. Je pense que ce matin là, à 8h45, quand le van VW a quitté le domicile familial, Marie se trouvait effectivement dans la camionnette, comme l'a suggéré Bernadette la voisine, assise sur la banquette arrière. Peut-être pour se plonger dans les écrits de Castaneda ou de Krishnamurti, auteurs phares des milieux babos des années 80, et dont des livres ont été retrouvés dans la voiture ?
Marie aura dans un premier temps dit 'oui' à la croisière, avant de se rétracter alors qu'ils sont en route vers Saint Malo.
Le mardi 31 août en fin d'après-midi, avant 18h00, Marie et sa grande fille Fanny se sont parlé au téléphone, comme apparemment elles en avaient l'habitude, comme le font mère et fille. Yves n'était pas encore rentré de sa partie de pêche avec les enfants, et il n'avait pas encore fait part à Marie de son projet de partir tous les quatre, de s'offrir une virée en voilier au départ de Saint-Malo. Mais le lendemain matin au moment de partir, il a bien fallu prévenir Léo et Fanny, dont c'est le domicile à mi-temps. Ils étaient sensés arriver le vendredi suivant. D'où le papier bien en vue sur la table de la cuisine. « Léo, Fanny. Nous partons quelques jours, pour décompresser. Nous revenons dimanche. Signé : Yves, Maman ». On peut imaginer que c'est après le coup de fil entre Fanny et Marie sa mère, après qu'Yves soit rentré de la partie de pêche aux bords d'un étang avec les enfants, qu'il en informe Marie. On peut supposer que la réaction de la jeune femme est mitigée, car Marie semblait ressentir une certaine aversion envers les bateaux. Tout au moins des petites embarcations, j'ai cru comprendre qu'elle avait été terrorisée quand Yves l'avait emmenée à bord d'un Hobie Cat, à Granville je crois. Et ce d'autant plus qu'en parcourant différents documents, il semble apparaître que Marie n'était pas ce genre de femme à faire quelque chose qu'elle n'avait pas envie de faire. Cependant dans un premier temps et probablement pour faire plaisir à son amoureux, elle aura décidé de lui dire : « oui peut-être » à la navigation. Quand on écrit des lettres d'amour à la personne avec qui on vit, comme c'était apparemment le cas, on est forcément très attachés l'un à l'autre. Yves Godard, après avoir informé Marie du projet de croisière, aura ensuite tout naturellement gommé sur l'agenda les rendez-vous bidons, destinés à ne pas alerter sa femme, inscrits au crayon papier. En les gommant, il n'aura pas cherché à dissimuler quoi que ce soit, simplement, ces faux rendez-vous n'avaient plus raison d'être. Cette semaine là il n'y en aurait aucun. Puis ils ont fait leurs bagages, Marie aura même transféré le contenu de son sac à mains dans deux pochettes de type banane, plus adaptées au bateau, qui seront retrouvées dans le sac vert. Le lendemain à 8h45, mais toujours dans l'incertitude, Marie sera montée dans le van, avec son mari et ses enfants, en direction de Saint-Malo.
Je viens, je ne viens pas... Dans la voiture, Marie fini par informer Yves qu'elle ne souhaite pas les accompagner.
On peut imaginer que la veille au soir, vers 21h, en allant déposer les poubelles, quand il est passé devant son voisin, Yves Godard était soucieux. La conséquence de la réponse de Marie, probablement mitigée, et comme il pouvait l'avoir imaginé, elle ne devait pas être particulièrement enchantée de la proposition de son mari. J'imagine qu'elle n'aura pas explosé de joie. Il l'aura pris sur lui, avec une humeur maussade. Et quand le lendemain matin ils passent en voiture devant la voisine, Bernadette aura effectivement bien vu le petit signe de la main que lui aura adressé Marie. Au cours du voyage entre la banlieue de Caen et Saint-Malo, j'imagine que Marie aura rapidement pris sa décision. Non, elle n'irait pas naviguer. Sa peur de la mer. Elle en informe Yves, qui bien sûr est immensément déçu, mais il s'y attendait. Il acquiesce, il aime sa femme, il comprend, elle doit lui dire qu'il doit en profiter, qu'il doit vivre ces quelques jours intensément avec les enfants. Elle a confiance en sa capacité de marin. Dès le dimanche suivant ils se retrouveront. De plus, elle a pour sa part un nouveau rendez-vous avec son psy le lendemain, le 2. Le rendez-vous avec le loueur est à 10h30, aux Bas Sablons au ponton E 79, et s'ils veulent être à l'heure, il est désormais trop tard pour faire demi-tour. Alors on peut imaginer qu'Yves a pris son téléphone et a appelé un proche, à qui il aura demandé de bien vouloir les retrouver aux Bas Sablons, pour y récupérer Marie, et la ramener chez eux en Normandie. Le port de plaisance de Saint Malo étant le seul endroit possible, au vu du timing serré entre les heures de départ et d'arrivé, toutes deux certifiées d'une part par le passage de la boulangère à 8h45, et d'autre part par l'arrivée à Saint-Malo, à 10h30, confirmé par l'agent de Alet Location.
Henri Godard, le père d'Yves Godard.
Les bateaux d'Henri Godard, le père d'Yves, ont toujours été basés à Saint Malo, le Brise de Mer 31 puis le Romanée, je suppose qu'Yves avait des relations là-bas. D'ailleurs son père habite alors tout près de Saint-Malo, à une quinzaine de kilomètres, à Cancale. Depuis plusieurs années, les relations s'étaient tendues entre le père et le fils, notamment depuis que le père avait, sur un coup de tête, vendu sa maison pour acheter un gros bateau et partir faire le tour du monde. Six mois plus tard, il abandonnait son épouse Yvette en Espagne, et rentrait rejoindre sa maîtresse, Lucie, qu'il entretenait depuis un certain temps dans un appartement à Dinan. De quoi créer des tensions au sein d'une famille. Un mois avant la disparition du Nick, les 3 et 4 août, ils s'étaient réconciliés, Marie et Yves avaient alors, au retour d'un séjour de quelques jours à Nice, passé un week-end à Cancale chez Lucie et Henri Godard. Le soir même du jour où l'annexe a été retrouvée, au large de l'île de Batz, la première personne à avoir été contactée par la Gendarmerie Maritime aura été Henri Godard, dont les coordonnées téléphoniques ont été trouvées dans le Minitel par un gendarme. Il était alors médecin probablement retraité, pédo psychiatre, et chef de service à l'hôpital psychiatrique de Dinan. Au gendarme, il prétend ne pas être au courant que son fils a loué un bateau. Il avoue également être surpris d'apprendre qu'ils ne sont que trois à bord, que Marie n'était pas là (« le loueur a du se tromper », a-t-il déclaré). Sitôt informé par le gendarme, c'est la fin de l'après-midi, il se rend aux Bas Sablons, à une quinzaine de kilomètres de chez lui, repère le van, et le lendemain matin, rappelle les gendarmes pour leur indiquer que le VW de son fils se trouve bien sur le parking du port de plaisance. Dans son ouvrage, Eric Lemasson écrit : « Aux dires de la famille, le docteur Godard père évoquera dès le début le lendemain (de la disparition NDLR) la question de la succession, et parlera même de caveau de famille ». Ce qui peut paraître surprenant, puisque rien ne laisse présager à ce moment, si ça n'est l'annexe à la dérive, du moindre drame. Un autre jour, il déclarera avoir examiné le profil psychiatrique de son fils, et en avoir déduit qu'il était tout à fait apte à commettre un suicide collectif familial. Au tout début de l'affaire, et probablement au cas où Yves Godard (à moins que le juge n'ai eu une autre intention?), supposé en fuite, aurait essayer de joindre son père, Henri Godard avait été mis sur écoute, et son courrier avait été surveillé. Enfin, Henri Godard était alors expert psychiatre auprès de la Cour d'Appel de Rennes.
Et si Yves Godard n'était pas allé à Intermarché ?
Depuis le début de mes réflexions quelque chose me chiffonne en ce qui concerne les achats supposés effectués par Yves Godard à l'Intermarché en périphérie de Saint Malo. Quelque chose ne colle pas, et en premier lieu la bouteille de whisky. A ce que j'ai cru comprendre, Yves Godard ne buvait plus d'alcool. Il préférait nettement la menthe à l'eau. Alors pourquoi aurait-il acheté, juste avant de partir en croisière, une bouteille de whisky ? D'autre part, il ne fait aucun approvisionnement pour la croisière, pas de nourriture, pâtes en tête, une alimentation dont raffolent tous les enfants. Ce qui laisse supposer que les vivres ont été achetés en amont. Mais quand ? Avec quelques boites de raviolis et des pâtes, on nourrit une colonie de vacances de jeunes enfants pendant des semaines. Et la personne qui ce jour là fait ces achats achète au contraire des friandises pour les enfants, des paquets de gâteaux et de bonbons, et même des jouets. Enfin, et ce qui nous intéresse le plus, il achète aussi deux rouleaux de sacs poubelle, des serpillières, et un gros flacon de MIR, celui-là même qui sera retrouvé à l'arrière du van. Dans la logique de l'homicide par Yves Godard, alors tout se tient, ou du moins pour le flacon de MIR : après avoir tué sa femme, et en avoir transporté le corps dans la camionnette, Yves Godard aurait acheté le MIR pour nettoyer les coulures de sang. Ces évidences sont corroborés par le fait que les achats ont été réglés par la carte de crédit d'Yves Godard.
Mais si ça n'était pas lui qui avait effectué ces achats ? Dont aucun n'est prévu pour la croisière ? J'ai imaginé précédemment qu'Yves Godard avait appelé un proche pour qu'il vienne chercher Marie afin de la ramener près de Caen. Cette personne est bien arrivée aux Bas Sablons mais dans la précipitation de son départ, elle a oublié de prendre avec elle le moindre moyen de paiement, cash ou carte de crédit, ou encore un chéquier, qui à la fin du second millénaire était un moyen de paiement courant. De plus s'ils doivent prendre la route il va falloir à un moment ou un autre se sustenter. Alors il aurait demandé à Yves de lui prêter sa carte de paiement. Ainsi Marie et son futur assassin auront pris la direction de l'Intermarché, de l'autre côté de la ville, assez éloigné du port, mais que l'on peut supposer habituel à l'inconnu. On aime bien faire ses courses dans une grande surface dans laquelle on a ses habitudes. On gagne du temps. Il y achète quelques bricoles à grignoter, les produits de nettoyage, il en profite pour 'gâter' les enfants d'Yves et Marie, et il glisse dans le caddy quelques paquets de bonbons et de biscuits, ainsi que des jouets. Comme peuvent le faire un oncle ou une tante, ou des grand parents, qui n'ont pas vu les enfants depuis un certain temps, et qui ont envie de leur faire plaisir. La bouteille de whisky quant à elle laisserait penser que l'acheteur aurait un petit penchant pour la boisson. Car à ma connaissance il n'a pas acheté d'amuse-gueules et autres biscuits apéritif pour un moment convivial entre amis, entre voisins de mouillage par exemple. Je n'ai pas d'hypothèse sur le fait que le gestionnaire d'Alet Location ai vu Yves Godard et ses enfants remonter dans le van à 11h. Mais je suppose qu'ils sont allé retrouver Marie et l'inconnu. Avant de revenir aux Bas Sablons (avec la voiture de l'inconnu) ?
Les cartes retrouvées aux Ebihens : une autre théorie possible.
Parmi les cartes retrouvées sur la plage, figure notamment sa carte de crédit, celle qui je suppose a servi à régler les achats à Intermarché. J'ai suggéré plus haut que les cartes avaient pu rester protégées dans des étuis en plastique et c'est la raison pour laquelle elles sont réapparues au fil des ans sur la plage des Ebihens. Cependant si effectivement Yves Godard ne s'est pas rendu au supermarché on peut supposer qu'il n'a pas non plus récupéré sa carte de crédit après les achats réalisés par un tiers (l'assassin). Même si j'ai du mal à imaginer qu'il soit partit sans sa carte de crédit, et donc sans son porte monnaie en le laissant à sa femme, et à l'inconnu. Car s'il avait prévu d'aller jusqu'à Perros, et en admettant qu'il entre dans la marina, il aurait bien fallu s'acquitter de la taxe de mouillage. Alors ça serait l'assassin, ce proche de la famille qui, afin de brouiller les pistes un peu plus, aurait effectivement disséminé les cartes, au fil des ans, sur la plage des Ebihens. Je me pose la même interrogation concernant le sac vert avec à l'intérieur les affaires de Marie. Ces deux éléments suggèrent un départ précipité. Je trouve surprenant qu'elle n'ai pas récupéré ses affaires après avoir décidé de ne pas participer à la croisière, sans pouvoir proposer la moindre explication plausible. Il reste là quelque chose à creuser.
Marie rentre en Normandie. En compagnie de son futur assassin.
Poursuivons le déroulé de notre intrigue. Il est un peu plus de midi, ils sont de retour aux Bas Sablons, l'inconnu donne aux enfants les jouets, les paquets de bonbon et de gâteaux, au grand désespoir de Marie et d'Yves j'imagine... Marie embrasse Yves, Camille et Marius, puis elle monte en compagnie de son futur assassin dans le van d'Yves. Yves et les enfants descendent sur le ponton E et rejoignent le Nick. Marie et l'inconnu quant à eux prennent la direction de la Normandie. Plus jamais Yves et les enfants, et Marie, se se reverront. Quelques heures plus tard, toute la famille aura trépassé. Ce proche aura ramené Marie chez elle en Normandie. A quel moment ? Je n'ai pas à ma disposition suffisamment d'éléments, et j'ignore notamment si les voisins sont restés chez eux ce jour là, s'ils pouvaient entendre le bruit de voitures sur le gravillon, etc. Je crois qu'une reconstitution a été organisée, mais j'en ignore les résultats, et elle concerne la nuit du 31 et non pas la journée et la soirée du 1er. Ils arrivent au domicile. Quand Fanny est arrivée dans la maison le vendredi elle se souviendra plus tard avoir remarqué une forte odeur de papier brûlé, ainsi que des restes de papier dans la cheminée. Supposons. Le conducteur et Marie sont suffisamment proches tous les deux pour qu'une dispute survienne. Aurait elle été déclenchée par un secret de famille que l'un ou l'autre aurait aimé voir disparaître ? Les papiers brûlés ? La dispute est violente, et dégénère. A cause de l'alcool ? Il n'y a aucune intention de tuer. Des mots, des éclats de voix, et rapidement, des coups. Ou peut-être un seul, mais il est excessivement violent. A la tête peut-être. Un objet lourd et tranchant qui heurte le cou de Marie et sectionne une artère ? La plus grande quantité de sang a ensuite été retrouvée sur le lit, pas suffisamment cependant pour provoquer la mort. Dans un état second, l'agresseur, que l'on peut supposer comme un habitué des lieux, car il sait trouver le lave linge, va y mettre le plaid de l'un des canapés, maculé de sang, par dessus du linge qui s'y trouve déjà. Il est perturbé, et ne se rend probablement pas compte qu'il y a déjà du linge, qui n'a pas encore été lavé. D'ailleurs il va y oublier le plaid. Pris de panique, il tente alors de cacher les traces de son méfait, sans trop savoir à quoi cela va servir, il y a trop de sang, partout, en haut, en bas. C'est fait de façon maladroite. Il retourne le matelas, le recouvre, tente de façon gauche de faire plus ou moins disparaître les traces. Cela fera cependant illusion, et même Fanny, dont c'est le domicile à mi-temps, ne remarquera rien quand elle s'y rendra le vendredi.
Marie s'éteint, son corps est transporté dans le coffre du van.
C'est peut-être à ce moment que l'assassin prépare le cocktail calmant pour sa victime, un mélange de Paracétamol et de Méprobamate, un traitement administré semble-t-il à l'époque par les médecins lorsqu'ils étaient appelés par exemple pour calmer une personne agitée, avant de jeter la feuille de papier essuie tout dans les toilettes, sans tirer la chasse, et où il sera retrouvé. Ce qui laisse supposer une personne du corps médical. Il paraît difficilement imaginable que cet essuie tout ai été jeté dans la cuvette des toilettes avant le départ de la petite famille. Sur trois personnes, Yves Godard et ses deux enfants, et en admettant que durant la nuit il ai assassiné Marie, il serait surprenant que personne n'ai utilisé les toilettes le matin, et que la chasse d'eau n'ai pas été actionnée, qu'il s'agisse d'Yves Godard, ou l'un de ses enfants, plus Camille que Marius qui je crois n'était pas encore propre et allait au pot. Plus tard, les examens sur le sang retrouvé au domicile, ne décèleront pas de trace de ces médicaments. Ce qui laisserait supposer que ces produits auront été administrés après que ne fussent répandues ces taches. J'ignore ce qu'il en est du sang retrouvé dans le van, dans lequel aura été transporté le corps de Marie, jusqu'à la région de Saint Malo. Je pense que l'inconnu se sera débarrassé du corps tout près de chez lui, ou chez lui. Je me mets à sa place et si j'avais du faire disparaître un corps je l'aurais fait dans un lieu que je connais, et où j'aurais pu m'assurer ne pas être dérangé en creusant un trou par exemple. Mais certainement pas en Normandie. Puis la nuit il aura ramené le van aux Bas Sablons, avec toujours dans la voiture le MIR, avant de procéder à la mise en scène (je trouve surprenant de voir le bouchon de MIR posé ainsi sur le flacon), avant d'être dérangé par le vigile, et rentrer chez lui dans sa voiture, avec la serpillière et les sacs poubelle, qui à ma connaissance n'ont pas été retrouvés. Et sa bouteille de whisky ? J'imagine que les enquêteurs auront relevé les empreintes digitales présentes sur le volant du VW. Mais je l'ignore. Notre assassin ne sait pas bien sûr à ce moment-là que le Nick avec à bord Yves Godard et ses deux enfants va disparaître, abordé le lendemain soir par un navire au large de Pléneuf Val André.
Epilogue.
Alors qui sait peut-être un jour, quelque part au fond d'un jardin dans la région de Saint-Malo, sous terre, on découvrira des restes de vêtements, et peut-être même les restes d'une jeune femme de 45 ans. Les analyses ADN prouveront qu'il s'agit de Marie Godard. De la même façon, peut-être que, la technologie aidant, un navire de la Marine Nationale ou bien de l'Ifremer retrouvera, sur le tombant du plateau continental, aux environs du 47° 37'N et 7° 08 W, vers le Bas Fond de la Chapelle, le point abyssal (4000 mètres de fond) le plus proche du lieu où ont été retrouvés les os d'Yves Godard, et l'annexe, l'épave du Nick. Alors les premiers enfants d'Yves Godard sauront que leur père n'est pas un assassin. Et les grands enfants de Marie, Léo et Fanny, pourront enfin faire le deuil de leur maman, et lui offrir une sépulture, près de Yves, son bien aimé, et de Camille, sa fille. Tout en sachant que le petit Marius lui aussi repose en paix au fond de la baie de Saint-Brieuc.
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