Par Gilles. Ce texte a déjà été publié dans Voile Mag en ce
début d’année 2016.
Est-ce
pour paraphraser Camille la chanteuse ? Ils sont nombreux parmi les
navigateurs à donner un petit nom aux pays ou autres archipels dans lesquels
ils vont poser leur ancre. Pourquoi tu m'appelles 'Vénez' alors que je
m'appelle Venezuela ? Pourquoi tu m'appelles 'Transpac' alors que tu n'as
fait qu'une traversée dans le Pacifique ? Et pourquoi tu m'appelles 'Tuams',
alors que je m'appelle Tuamotu ? Pourtant le nom est plein de poésie, il
sent bon les Mers du Sud.
Nous
venons de quitter la vallée d’Hakaui, à Nuku-Hiva, aux Marquises. Les quelques noeuds de vent ne sont pas
suffisants pour maintenir une vitesse adéquate, sauf à envoyer le spi, mais en
règle générale la grande bulle regagne son sac à la tombée de la nuit.
Pourtant, si nous le maintenons hissé, histoire de gratter un peu en vitesse,
le gain à l'arrivée pourrait faire la différence. La lune sera bientôt pleine
et illumine la nuit tropicale, c'est décidé, cette nuit nous allons naviguer
sous spi. Cette navigation est grisante, Armelle et moi nous relayons pour
tirer le meilleur de Coccinelle, pourtant bien chargé en eau, vivres et
carburant. Sous la lune, au stick sur la barre franche, incessamment nous
lofons, faisons accélérer le bateau jusqu'à créer du vent qui ensuite va nous
permettre d'abattre, et ainsi maintenir une vitesse élevée. La perspective de
ne pas passer une nouvelle nuit en mer, et le bonheur procuré par cette
navigation sous spi et sous la lune, nous motive plus que jamais. Jusqu’au
moment où un cordage usé prématurément ne nous force à affaler le spi. Sniff,
la fête est finie. Pour ne pas naviguer une autre nuit nous avons cependant une
alternative, ou même deux, puisque sur notre route, à une quarantaine de milles
avant d'entrer dans l'atoll de Fakarava, se trouvent deux autres atolls,
Kauehi, et Raraka, sur lequel nous jetons notre dévolu. On y accède par la
passe Manureva. Coccinelle avance, lentement face au courant, nous arrivons au
niveau d'un petit motu, sur lequel ont été construits quelques farés
lilliputiens, une personne nous fait des signes, nous lui répondons, puis un
homme nous salue à son tour. La progression est plus que laborieuse, nous
avançons à la même vitesse que le paysage (…), puis la passe peu à peu
s'élargit, c'est gagné, nous sommes entrés dans le lagon de Raraka. Le moteur
reprend un régime plus tranquille. Le village apparaît sur bâbord, nous venons mouiller derrière une petite patate de
corail, il n'y a pratiquement pas de vent, ça y est, nous sommes arrivés aux
Tuamotu.
Un
homme arrive près de nous dans sa barque en aluminium, du type de celles qui
ont peu à peu remplacé les pirogues dans les îles des Mers du Sud. C'est un
popaa, nous l'invitons à partager un café. Gérard vit ici depuis une dizaine
d'années, c'est lui qui tout à l'heure nous a salués alors que nous tentions de
pénétrer dans l'atoll. Après avoir gonflé l'annexe, nous lui rendons visite. De
ce 'cailloux' de quelques centaines de m², surmonté comme il se doit de
quelques cocotiers et autres arbustes endémiques des Tuamotu, au milieu de la
passe et là où le courant est le plus fort, il a érigé un petit paradis
tropical.
Le motu de Gégé |
Les farés sont construits de façon traditionnelle, avec du bois provenant
de l'atoll, les parois sont faites de niau, ces demi feuilles de cocotiers
tressées, qui se chevauchent les unes les autres. Les feuilles doivent être
coupées jaunes et sèches, elles sont mises à tremper dans l'eau de mer pour se
débarrasser de la vermine, avant d'être tressées, puis séchées. Elles durent
théoriquement environ 5 ans. Ensuite, il faudra les renouveler. Concession au
modernisme, l'esthète a recouvert ses farés de tôles ondulées de couleur
rouille, elles s'accordent parfaitement au paysage. L'électricité est obtenue,
comme dans les vallées isolées des Marquises, ou sur les motus du secteur (le
secteur, ou encore le district, dénomme les endroits de l'atoll situés ailleurs
qu'au village), par des panneaux solaires, une quinzaine en général, qui
rechargent des batteries avant d'alimenter les farés via un gros convertisseur.
L'électricité est ainsi fournie pour un frigo, le congélateur, la TV , l'éclairage. Il a même
construit, en déplaçant à la main et un à un des blocs de corail mort, une
petite jetée qui protège du courant et lui permet d'accoster sa barque sur une
plage de poche ouverte sur le lagon. What else, Gérard ?
Puis
nous prenons le chemin du village, à 200 mètres de là, où rapidement nous faisons
connaissance avec la petite quarantaine d'habitants qui constitue la population
de Raraka. L'atoll est l'un des rares, aux Tuamotu, à ne pas disposer d'un
aérodrome. Les habitants de Raraka n'en veulent pas. Le plus proche est celui
de Kauehi, à 26 milles (50 km
environ), ou trois heures de bonitier. Si le téléphone fonctionne et notamment
le Vini, le portable, l'accès à Internet est prévu pour l'an prochain. Par
soucis de sécurité, et pour leurs déplacements en poti marara ou en bonitier,
la mairie tient à disposition de ceux qui le souhaitent, ponctuellement, un
téléphone satellite Iridium.
La
goélette passe deux fois par mois, elle ravitaille l'atoll en produits de
consommation, et un peu de nourriture. Puis elle repart avec dans ses cales les
sacs de coprah (la pulpe de coco séchée qui part à l'huilerie de Tahiti). Ici,
on vit de la pêche, et du coprah. Il est bien sûr subventionné mais surtout il
permet de maintenir la vie dans les atolls. Sans ce coup de pouce, la présence
humaine serait quasi inexistante dans ces lieux isolés, au bout du bout du
monde. Nous saluons de la main un vieil homme occupé à ratisser devant son
faré, nous apprendrons juste après qu'il ne parle que le Paumotu, la langue des
Tuamotu. Ici, l'isolement est réel.
Le village de Raraka |
Nous
sommes en juillet et ce sont les vacances scolaires, tous les élèves qui sont
au collège ou au lycée à Makemo, à Hao ou à Tahiti sont de retour sur l'atoll,
je pars avec quelques jeunes à la chasse dans le lagon. En bon marin Breton qui
considère que sa place est sur l'eau et non pas dans l'eau, je reste à bord du
bateau, et observe les chasseurs. Depuis la surface, ils scrutent le fond de
l'eau translucide, et quand un poisson qui les intéresse, à savoir non
ciguaterré, apparaît dans leur champ de vision, alors ils plongent en apnée.
La
ciguaterra est une maladie dont sont porteurs de nombreuses espèces de poissons
du lagon, elle empoisonne ceux qui les consomment et les conséquences, au-delà
des signes (sensation électrique sur les lèvres, picotements aux extrémités,
vomissements) peuvent être graves. Les Paumotu sont de véritables hommes
poissons, ils restent de nombreuses minutes sous l'eau, avant de remonter
triomphants avec un beau perroquet bleu turquoise transpercé par la flèche de
leur fusil en bois, plus raide et plus pratique car il flotte.
Les quatre fils d'Henri passionnés de chasse sous-marine |
Ils le
maintiennent alors hors de l'eau, et rapidement se dirigent vers celui d'entre
eux qui s'occupe de la bassine flottante dans laquelle sont stockés les
poissons capturés. Il faut faire vite car bien sûr l'atoll est infesté de
requins, qui sont tout disposés à leur disputer la prise.
Le fil d'un fusil
s'est cassé, un squale en a profité pour se précipiter sur la prise du chasseur
qui s'en est retrouvé privé. Quand le requin a eu terminé le poisson, la flèche
était complètement tordue. Puis le soir, nous nous sommes tous retrouvés autour
d'un barbecue, les poissons sont cuits avec leurs viscères, il paraît que ça
donne plus de goût.
Fakarava.
Fakarava
aime bien les superlatifs. Le deuxième plus grand atoll de Polynésie, la passe
la plus large, Garuaé, qui s'étend sur près de 1800 mètres , sur la
face nord de l'atoll. D'ailleurs, cette belle mystérieuse possède deux passes,
chose assez rare. La deuxième étant située au sud, à une trentaine de milles de
la première, où se blottissent sur un motu les ruines de l'ancienne capitale de
l'île, Tetamanu.
Nous
arrivons à Fakarava en pleines fêtes du 14 juillet. Chaque année elles se
déroulent dans l'un ou l'autre des atolls du groupe formé par Fakarava donc,
Raraka, Kauehi et Taoau. Cette année, le heiva a lieu à Fakarava.
Au programme,
concours de danses, de chants, courses de pirogues, garçons, filles, V1 ou V6,
concours de pêche aussi, et lancer de javelot.
Une noix de coco est fixée au
sommet d'un pylône haut d'une dizaine de mètres, et le jeu consiste à planter
un maximum de javelots dans la coco, depuis une distance d'une vingtaine de
mètres. Les meilleurs font pratiquement mouche à tous les coups !
Il y a
aussi un concours de tressage de feuilles de cocotiers, en un temps donné, les
femmes doivent réaliser des paniers, des chapeaux. Autour du terrain des
sports, des farés traditionnels ont été installés (on les appelle les
baraques), le soir quand la fête bat son plein on peut s'y restaurer, de
poisson cru, de viande au lait de coco, ou de steaks frites ! Puis au
terme de ces quelques jours de festivités, le temps est venu pour la Cox de prendre le chemin de la
passe sud.
Dans
l'hémisphère sud, le vent souffle le plus souvent de l'ESE, mais ces jours-ci
il a mis du nord dans son est, pour nous c'est parfait. La navigation est
magnifique, sous le vent de l'anneau de corail, la mer est un lac et de loin en
loin, on distingue parfaitement les patates de corail, véritables pièges à
fleur d'eau et qui peuvent si on ne fait pas attention se transformer en tueurs
de bateaux. Mais en choisissant de naviguer avec un soleil suffisamment haut,
et légèrement derrière l'observateur, elles sont parfaitement visibles.
On
s'arrête quand bon nous semble, au gré de nos envies, pour boire un café, déjeuner,
ou descendre sur un motu où nous ressentons la délicieuse impression d'être
seuls au monde. Le Heiva nous a donné des idées et on s'essaie à la vannerie
sur les feuilles de palmiers, sans trop de réussite encore ; mais ça
viendra...
Hirifa au sud de l'atoll de Fakarava |
Pendant
longtemps, le village de Tetamanu, niché sur son petit motu, était
l'agglomération principale de Fakarava. Peu à peu il est tombé en désuétude,
les habitants sont partis, et à part deux ou trois habitations modernes il ne
reste plus que les fondations en corail des maisons qui jadis étaient de bois.
Heureusement des pensions s'y sont développées, elles redonnent peu à peu vie à
ce hameau si loin de tout. Tetamanu est à ma connaissance le seul village où
les ruelles sont encore délimitées par des pierres de corail plates plantées
verticalement.
Plongée à Fakarava.
Armelle s'était déjà offert une plongée dans la passe nord, considérée comme le paradis des plongeurs ; mais comme la passe sud, peu avare de superlatifs, a droit elle au qualificatif de Nirvana des plongeurs, alors elle a remis ça, le grand frisson, en faisant une plongée dite 'dérivante' par 25 mètres de fond, au milieu du fameux mur de requins, ils sont des centaines et des centaines, inoffensifs tant que ça n'est pas l'heure du casse croûte.
Camille s'est vu offrir pour ses 8 ans un baptême de plongée. Heureusement pour ceux qui ne
plongent pas, Apolline et moi, il reste le PMT, et même là le régal est total.
Il existe dans la passe une espèce de petit bassin naturel, auquel on accède en
annexe. Il y a un mètre d'eau, une plage, des cocotiers, et quelques poti
mararas relevés hors de l'eau à l'aide de sangles tournées sur de grandes roues
en fer. Jusque là rien que du très banal, c'est l'image d'Epinal de la Polynésie.
Le matin
et le soir, la lumière est superbe, et diffuse sur les petits farés alentours,
ceux des pensions, construits comme il se doit sur pilotis, une atmosphère de
bout du monde. Ca tombe bien, on y est.
Mais il en existe un autre de monde,
qui lui commence dès que l'on ajuste son masque et que l'on met la tête sous
l'eau. Et là... Le corail est multicolore, riche, et la faune absolument
extraordinaire, on nage à un mètre de requins pointe noire, ils font un mètre
environ, il faut prendre garde à ne pas entrer en collision avec un énooorme
napoléon qui lui doit faire un mètre et demi, quand il s'en vient batifoler
autour des nageurs heureux, en compagnie de centaines d'autres poissons
multicolores. Et quand on quitte ce petit bassin pour se diriger vers la passe,
alors j'ai compris, enfin et pour la première fois, la signification que
pouvait avoir le mot 'Le Grand Bleu'. La passe tombe littéralement, c'est
probablement la raison pour laquelle on l'appelle le tombant. Le bleu est comme
le fond, profond, le souvenir en restera gravé à jamais dans nos mémoires.
Le mur de requins - passe sud de Fakarava |
Passe Tumakohua - Fakarava sud |
La pension de Tetamanu |
Sables Roses |
Après
ces plaisirs subaquatiques, nous avons repris des plaisirs plus marins, en
allant mouiller à un mille ou deux de là, dans un joli mouillage qui porte le
nom de Sables Roses. Grâce à notre faible tirant d'eau, 1,25 mètres , nous nous
faufilons près d'une plage, déserte bien sûr. Nous amarrons Coccinelle sur un
corps mort installé là par un autre plaisancier, quelques mètres de chaîne
passés sous une patate de corail et maintenus à la surface par un flotteur.
Les Sables Roses de Fakarava |
Rémoras
et requins pointes noires nagent autour de nous, à marée basse, il reste
quelques dizaines de centimètres à peine entre le sommet d'une patate de corail
et la semelle de notre quille... Quand vient le soir, la pleine lune diffuse sa
lumière et depuis le pont, tous les quatre réunis, la sensation est quelque peu
irréelle, l'eau est d'un bleu gris intense, d'où émergent ça et là des pâtés de
coraux. Nous ne sommes plus dans le même monde. Heureusement que sur notre
planète, la Polynésie
existe. Mais nous en avons conscience, après Fakarava, il va être difficile de
trouver mieux, car la barre est haute, très haute. Nous ferons ensuite, avant
de repartir sur les Marquises, une jolie escale sur l’atoll de Raroïa.
Le port de Ngaumaroa dans l'atoll de Raroïa |
Les enfants du village |
Les
lignes suivantes s’adressent surtout à ceux qui comptent naviguer aux
Tuamotu ; les autres ne trouveront pas ça trop intéressant…
Les passes, entrer et sortir d'un
atoll. L'approche.
Les
choses ont bien changé depuis la navigation au sextant, avec l'arrivée du GPS
il y a une vingtaine d'années, et plus récemment encore celle des traceurs de
cartes, le navigateur sait toujours où il est, et les incertitudes d'avant
quant à l'atterrissage sur les Tuamotu ont grandement diminué. Si Bougainville
naviguait aujourd'hui, il ne rebaptiserait plus les Tuamotu 'L'Archipel Dangereux'.
Y faire escale ne pose plus de problème insurmontable. Les fanges du sommet des
cocotiers apparaissent à environ 7 milles.
Pour
entrer, la meilleure heure est celle de l'étale de basse mer, ou mieux encore
juste avant celle-ci, quand le courant est encore (très) légèrement sortant, ce
qui permet de rester bien manoeuvrant. Car avec le courant entrant, cela peut
aller vite, très vite, et alors il vaut mieux avoir bien étudié en amont la
topographie des lieux. On trouvera les horaires des marées sur divers
logiciels, comme Marées dans le Monde, téléchargeable gratuitement, encore
Total Tide. Pour les Tuamotu, le port de référence est Apia, aux Samoa, et le
port rattaché pour la zone de Fakarava est Rangiroa.
Si
le courant est déjà sortant, ou encore fort, on trouvera de meilleures
conditions en longeant le bord des passes. Même si les passes sont balisées, on
évitera de le faire de nuit, car alors on ne peut pas se rendre compte de
l'état de la mer dans la passe. Nous l'avons fait à Raroïa, mais à l'étale
précise ; et avec la pleine lune. Mieux vaut tout de même éviter de
cumuler les facteurs de risque.
Dans
tous les cas il importe alors de bien avoir préparé sa navigation.
Les
choses sont un peu différentes pour sortir. Bien sûr, l'idéal reste de le faire
à l'étale, ou avec le courant légèrement sortant : car en allant vers la
sortie, on sait qu'il n'y a en général pas d'obstacle, récif, etc. Mais il y a
le mascaret. Celui-ci se forme normalement à l'ouvert du milieu de la passe, à
l'extérieur, là où le courant est le plus virulent. Au plus fort de la marée,
quand il s'oppose à un vent même léger, d'une dizaine de noeuds, ça devient
vite Verdun. Dès que l'on franchit une passe en dehors des étales, il convient
de fermer soigneusement panneaux et hublots, et de tenir fermement la barre.
Nous sommes sortis de Raroïa une heure avant l'étale de basse mer, par 15 nœuds
de vent s'opposant au courant, nous avons du négocier un sérieux mascaret,
court mais intense, un véritable chaudron des sorcières. Mieux vaut s'y
présenter voile moteur, et ne pas s'arc bouter de façon inconsidérée sur la
barre. Les efforts sont énormes. C'est de toute façon le courant qui décide,
alors... A Raroïa il atteint 8 noeuds à mi marée.
L'ensachage.
Lors
de périodes de fortes houles, essentiellement au coeur de l'hiver austral, les
dépressions du grand sud génèrent de fortes houles qui passent par dessus
l'anneau de corail et emplissent le lagon. L'eau cherche ensuite un moyen pour
sortir, et le seul chemin, c'est la passe. Le phénomène peut ainsi être
tellement marqué que le courant de marée entrant n'existe plus, et le courant
de marée sortant associé à l'ensachage peut donner parfois, comme c'est le cas
à Hao, des courants qui peuvent atteindre 20 noeuds ! Un record.
Naviguer et mouiller dans les lagons.
Les
lagons sont plus ou moins encombrés de patates de corail, leur taille est en
général de plusieurs dizaines de mètres. Il importe alors de naviguer avec un
soleil suffisamment haut, typiquement, entre 10h00 et 14h00, et de l'avoir
légèrement dans le dos. Porter des lunettes polarisantes sera un plus. Mais
grâce aux aides électroniques à la navigation toujours, et notamment les images
Google Earth, les choses ont changé là aussi. Avec l'aide d'un logiciel ad'hoc,
le Russe SAS Planet par exemple, ces images parfaitement géo référencées
permettent de slalomer entre les patchs de corail le nez collé sur son traceur.
C'est redoutable d'efficacité.
Mouiller
dans des coins à corail demande un peu de technique. Bien sûr, on ne mouille
jamais sur du corail. En effet si on se contente de mouiller son ancre et la
chaîne, sur des zones de sable bien entendu, lors de l'évitement, celle-ci va
venir s'enrouler autour des patches de corail qui parsèment le fond. Pour s'en
dégager il n'y aura souvent d'autre solution que de plonger, et à une certaine
profondeur une bouteille avec détendeur rendra des services certains. Sans
compter que le corail est un terrible abrasif pour la galvanisation des
chaînes. De plus, les à coups générés, sans parler du fait d'être désagréables,
peuvent très bien désolidariser un guindeau, ou tordre une ancre.
La
technique consiste donc à frapper des pare battages à une distance de l'ancre
d'environ 1.5 fois la profondeur d'eau, puis de laisser ensuite filer la longueur
désirée. Ainsi la chaîne 'flottera' entre deux eaux et devrait en principe ne
pas s'enrouler autour du corail. Un orin frappé sur l'ancre pourra aussi rendre
des services si elle venait à se coincer sous un patch de corail.
Mouillage arrière avec deux bouées, une sur le câblot et l'autre sur la chaine |
ça fait rêver...
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