Par Armelle.
C’est donc par un (mal) heureux
hasard, le cardan de la cuisinière qui a rendu l’âme, que nous atterrissons devant
Puerto Vilamil, sur l’île d’Isabella ; l’île la plus occidentale des
Galápagos, mais aussi la plus grande.
Par chance les démarches administratives se feront assez
rapidement. Après un entretien avec un agent peu accueillant (mais dont les
services sont obligatoires), nous pourrons descendre à terre dès la fin de
journée et laisser les filles gambader joyeusement sur la plage et se faire
déjà des amis. Je m’explique sur le terme peu accueillant : en guise de
discours de bienvenue, cet agent (n’oublions pas que c’est la première personne
avec qui nous entrons en contact depuis 10 jours) nous expose la longue liste
des sites interdits, et nous demande ensuite de nous acquitter des taxes
d’entrée (conséquentes et obligatoires évidemment) pour les Galápagos,
déclinant cette fois la minuscule liste des sites auxquels ces taxes nous
donnent le droit d’accès. Il termine enfin par ces mots, texto :
-
« Et si vous n’êtes pas d’accord, ou si vous
n’avez pas les moyens, vous pouvez toujours reprendre votre route vers la
Polynésie. »
C’est vrai, les Marquises comme les Gambier ne sont qu’à
2.400 milles. Ou l’île de Pâques, plus proche, à 1.900 milles ; une
paille… Le ton est donné et différera peu pendant tout notre séjour.
Mouillage d’Isabella
Suivons le guide !
Village de Puerto Villamil
Ici les animaux sont rois, jusqu’à interdire l’accès au
parc pour enfants car les iguanes y ont élus leur zone de nidification.
Rassurez-vous
l’amertume que nous a laissé ce désagréable prélude est vite effacée par notre
émerveillement devant une faune riche et
peu farouche comblant largement, par leurs joyeuses rondes autour du dinghy, le
mépris clairement affiché des autorités envers les voiliers.
Et puisque l’on cherche à nous immobiliser, et bien nous
resterons dociles et nous nous cantonnerons dans notre mouillage.
Ainsi
nous prîmes le temps d’observer ce que la nature veut bien nous faire
partager, autour de notre Coccinelle :
-
En s’émerveillant dès notre arrivée de la pêche des
pélicans qui par dizaines tournoient tout en plongeant autour d’un banc de poissons
à quelques mètres du bateau ;
-
En regardant les iguanes serpenter dans l’eau puis se
dresser sur leurs pattes pour venir se sécher au soleil en crachant par les
nasaux des jets d’eau de mer ingurgités pendant leur plongée tout en
conservant une immobilité parfaite du reste du corps et ce, pendant des heures ;
-
En admirant le surf d’une otarie sur la vague,
déboulant sur la plage pour venir d’un pas titubant se vautrer sur les quelques
transats de la plage déjà tous squattés par ses congénères ;
-
En observant le vol d’une frégate, tout en tentant de
comprendre le répertoire des possibilités de manœuvres qu’offre sa longue queue
en fourche ;
-
En écoutant piaffer les flamants roses qui broutent
inlassablement et avec frénésie, le bec dans la vase.
Playa del
Amor
L’iguane est resté dans cette position pendant 3 heures,
Camille a tenu 30 secondes. Quant à cracher de l’eau de mer par le nez…
…Camille préfère mettre son masque pour aller plonger.
Nous nous sommes étonnés de tout ce petit monde qui semble
en complète harmonie avec son environnement, et ne parait nullement gêné par
notre intrusion. Un équilibre que l’on devine fragile mais qui semble pourtant
immuable. On imagine aisément que ces îles devaient être semblables lorsque
Darwin y séjourna, en 1835. Et quand alors il observa cette même flore,
composée de roches volcaniques parsemée de mangrove et de cactus, ainsi que
toute la faune, composée d’insectes, volatiles, reptiles et mammifères, si
particulières et si bien adaptées, faisant germer dans son esprit les bases de
sa théorie sur l’évolution des espèces.
Ce fut l’occasion pour les filles d’apprendre quelques lois
fondamentales qui régissent la nature, ainsi :
-
A chaque flore correspond un écosystème et la chaîne
alimentaire qui en découle.
-
La notion de prédateur et de proie, et les techniques
que chaque espèce développe, pour sa survie par la persistance du plus apte.
La palme du camouflage revenant à ces iguanes marins, à la
mine patibulaire, qui arborent un manteau façon roche volcanique, nappé de
chiures d’oiseaux.
La palme de la chasse sous-marine revient aux fous à
pattes bleues.
La palme de la chasse en voltige revient aux frégates.
Trois semaines durant, nous nous régalerons de ce
spectacle célébrant la vie tout autour de nous. A chaque descente à terre, nous
croiserons tortues, raies, pingouins ou otaries, chacun rivalisant de grâce par
leur aisance sous l’eau ; nous faisant presque regretter d’avoir perdu nos
branchies et nos doigts palmés. Bientôt nous ressentons les effets de récentes
mutations, nécessaire à notre adaptation, et passons d’une variété d’homo
sapiens à une autre. Ainsi nous quittons pour un temps et sans regret l’homo faber-consumerus pour intégrer
notre nouvelle famille celle des homo
balader-contemplatus. Si si cela existe, et c’est très répandu dans les
îles polynésiennes. Une des caractéristiques physiques majeures étant
l’apparition d’un poil dans la paume de la main. On pourrait penser que ce poil
est un handicap ; la preuve que non puisqu’il persiste !
Au fait savez-vous ce qu’est devenue la coccinelle des
Galapagos ?...
Elle a perdu ces pois noirs !
Baignade avec les otaries
Portrait de famille
« Dis papa on
peut inviter une copine à bord ? »
En France on a parfois un panneau indiquant : « Attention traversée d’élans sur la
chaussée »,
A Panama c’était : « Attention traversée de … caïmans sur la chaussée »
Aux Galapagos c’est plutôt : « Attention traversée de tortues géantes sur la chaussée… soyez patients ! »
Une toute jeune tortue géante qui doit avoir entre 10 et
15 ans. Les plus vieilles ayant 200 ans et pesant plus de 200 kilos.
Le mur des lamentations érigé par des forçats d’un bagne
qui fut installé dans les années 50 par les américains. La construction de ce
mur ne servait qu’à occuper les prisonniers.
En route pour fêter les 4 ans d’Apolline à bord de My
Halong, née le même jour que la petite Rose (3 ans plus tôt).
« Pfff !
Pas envie de partir mais le règlement c’est le règlement. »
Coucher de soleil sur le mouillage d’Isabela
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