dimanche 9 septembre 2012

Sao Miguel, ou le souffle de Gordon (non ce n’est pas un cétacé)

Par : Armelle.


Finalement le souvenir le plus marquant, celui que nous garderons de Sao Miguel, aura été celui de la visite de Gordon. « Un visiteur de ce genre », cela ne s’était pas vu depuis quelques décennies, disaient les pêcheurs d’ici.
Ce lundi 20 août au matin tous les plaisanciers du port de Punta Delgada avaient une mine fatiguée mais soulagée. La rencontre avec Gordon, la nuit précédente, n’avait finalement pas excédé les 45 nœuds. On en serait presque déçu, tellement les pronostics annonçaient du lourd : un cyclone de classe II avec des rafales jusqu’à 90 nœuds !
Depuis quelques jours déjà, une belle ‘patate’ se rapprochait tranquillement des Açores, tout en se renforçant. Nous guettions la météo, car nous avions prévu d’aller à Terceira pour passer un moment avec l’équipage de nos amis de Sum Sum, et éviter par la même occasion cette grosse dépression qui semblait se rapprocher plus particulièrement de Sao Miguel et Santa Maria. Nous avions bien tenté une échappée, 3 jours plus tôt, mais il avait fallu se résoudre à un retour à la case départ après seulement quelques heures : le vent se renforçait, tout en refusant, et les ¾ de l’équipage étaient malades (ça y’est le virus s’est propagé à bord).
C’est avec le moral au fond des bottes (trop tard pour voir Sum Sum) que nous nous sommes préparés à affronter la tempête annoncée.
Et durant ces deux jours qu’il restait avant que ne sonne le glas, une curieuse contagion de manœuvres, inhabituelles pour un mois d’août, s’est produite sur le ponton F, en même temps qu’un soudain élan communicatif entre plaisanciers. On échangeait nos rapports sur les pronostics de la météo (bizarrement très différents selon les sources). Certains se raccrochaient aux 40 nœuds annoncés par la météo locale, attendaient donc de voir et gardaient un discours optimiste tout en observant du coin de l’œil les manœuvres de ceux qui s’affolaient déjà dès l’apparition d’un œil au centre de la ‘patate’, en évoquant un ‘hurricane’.
Le dimanche 19 au matin, les météorologues parlaient bien d’un cyclone de classe II. Branle-bas de combat sur le ponton F, toute la journée durant, pour démonter tout ce qu’on pouvait sur le pont, ferler ce qu’il restait encore à ferler, et renforcer les amarres. Je me suis alors rapprochée d’une autre maman qui cherchait comme moi un endroit pour dormir à terre avec ses enfants, ce qui s’est avéré assez compliqué, car la moindre nuit d’hôtel sur le port est au minimum 100 € (prohibitif surtout depuis que l’on a dû remplacer nos batteries…).
Nous avons donc tenté d’aller amadouer le personnel de la marina, nos bambins sous le bras. Une aimable jeune femme nous a reçus et a écouté patiemment nos doléances, sans vraiment les comprendre. Finalement nous lui avons demandé directement si l’on pouvait dormir par terre dans les bureaux. Il faudra lui expliquer comment et où c’est possible pour qu’elle finisse par nous dire :
-          Yes why not, but no showers,”
persuadée que cet argument nous fera changer d’avis. Manifestement elle ne comprenait pas grand-chose à la situation. Je dus contenir un fou rire lorsqu’elle finit par nous dire encore hésitante :
-          ’Ok but just for one night ‘’.
Nous avons donc passé la nuit dans les bureaux de la marina pendant que Gilles est resté à bord. Cette nuit-là, l’œil du cyclone est bien passé entre Sao Miguel et Santa Maria, mais heureusement il s’est effondré au nord en arrivant sur les îles, tout en se renforçant au sud sur Santa Maria, qui eux ont bien eu les 90 nœuds annoncés !
Ouf ! Aucune casse sur aucun des bateaux de Punta Delgada. Mais cet évènement aura rapproché en quelques heures des plaisanciers qui ne connaissaient même pas les prénoms des équipages voisins (alors que nous étions campés au ponton F depuis déjà deux semaines !).

Depuis notre arrivée à Sao Miguel, nous n’avions pas vraiment connu l’anticyclone des Açores, pourtant réputé. Le mauvais temps aidant, nous avons passé la plus grande partie de nos journées à effectuer les réparations nécessaires suite aux ennuis techniques de notre traversée, à démarrer le CNED (pas si simple pour moi, même si Camille est motivée), et à attendre une météo propice pour faire de l’ouest.
Nous avons quand même réussi à dégager deux précieux jours pour aller découvrir des paysages exceptionnels, en plantant la tente au milieu des volcans, des lacs et des sources d’eau chaude. Nous avons parcouru les petites routes à travers champs, au milieu des vaches et des hortensias. Un bon bol d’air car la marina et le port de Punta Delgada, empreints d’une odeur persistante de pétrole due à la présence d’un dépôt pétrolier, ne nous aura pas beaucoup marqués par ses charmes. L’architecture peu maîtrisée des dernières décennies parvient à masquer depuis la mer ce qu’il reste d’une époque plus pittoresque. A découvrir quand même en s’aventurant dans les petites rues qui se cachent derrière les immeubles du littoral.

Le port de Punta Delgada

 Sao Miguel

 Sao Miguel

 Sao Miguel

 Sao Miguel

Sao Miguel

 Le camping de Furnas à Sao Miguel


 Au réveil
Lac de Sao Miguel 

baignade dans une source d'eau chaude

 Gordon, le dimanche à midi

 La Coccinelle prête à recevoir la visite de Gordon

en route pour Pico

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