Coccinelle
en Californie !
Par : Gilles.
La météo est bonne et le vent portant,
d’ailleurs il vaut mieux car si la grand voile d’occasion que nous avons
achetée pour ce convoyage est tout a fait propre, avec trois bandes de ris, le
yankee qui nous sert de voile d’avant, sur l’enrouleur, même s’il est en bon
état, possède un point d’écoute bien trop haut pour propulser Coccinelle
efficacement contre le vent. Mais nous sommes partis avec une bonne météo et le
vent a été clément. Nous vivons quelques moments épiques, comme cette nuit où
nous avons traversé des flottilles de bateaux de pêche, fortement éclairés de
puissants projecteurs, mais qui ont une fâcheuse tendance à changer constamment
de cap. Heureusement il n’y avait pas de vent à ce moment là, et les
modifications de cap au moteur sont bien plus simples. J’ai estimé lors de mon
quart de la deuxième partie de la nuit, à plus de 150 le nombre de bateaux de
pêche ainsi croisés.
Mais quelle joie de naviguer de nouveau
à la voile, et quel bonheur pour tout l’équipage, Apolline, Camille, Armelle et
moi de se sentir portés par les ailes de la Cox , d’être libre de nouveau, et posséder un vrai
bateau à voile prêt (pas encore tout à fait, il nous manque encore les voiles
neuves !) à naviguer sur toutes les mers du monde.
Eureka, California.
La côte est moins rude et sauvage après
le Cap Mendocino, la météo annonce sur les canaux dédiés de la VHF des vents de sud dans la
région de San Francisco, Eureka nous ouvre ses bras ; on devait y rester
deux ou trois jours, nous y sommes finalement restés deux semaines. Car les
deux derniers mois et demis ont été intenses, à la suite du démâtage, le
convoyage au moteur en Alaska, puis le transport en camion, la quête du mât
(mauvais jeu de mot ?), enfin les travaux de remâtage, et cette navigation
vers les côtes de Californie. Après le rush de l’été, nous avons besoin de nous
poser. Nous mouillons dans un bras de mer en plein centre-ville, à 100 mètres d’un ponton
public accueillant où nous pouvons laisser l’annexe. A peine sommes-nous
mouillés depuis une heure peut-être, un vieux, très vieux bateau s’approche de
nous, il semble tout droit sorti d’un épisode de Tom Sawyer, avec sa ligne
traditionnelle, sa cheminée ; nous apprendrons plus tard qu’il date du
début du 20ème siècle, et il s’agit là du plus vieux bateau à
passagers encore en service aux Etats Unis. A la barre, un homme (presque)
aussi âgé que le bateau, chevelu et barbu, s’approche à portée de voix. Il
vient nous signaler que là où vient de tomber l’ancre de Coccinelle, il n’y a
pas beaucoup d’eau, et que nous risquons de toucher. Merci, nous lui expliquons
que notre bateau possède une dérive et que de fait son tirant d’eau est faible.
Comme beaucoup d’agglomérations
Etats-uniennes, la ville présente un parfait quadrillage, avec de belles
bâtisses de style Victorien, dont une, extravagante, qui domine la ville et le
port, construite sur une colline. Le temps est gris et pluvieux, le soir, nous
allumons le chauffage pour chasser l’humidité. Il tournera ainsi pratiquement
chaque soir jusqu’à Los Angeles, ou là tout de même, on finira par l’éteindre.
Cette région du nord de la Californie est
agricole, toutes les agricultures, mais beaucoup de bio, ‘Organic’ comme il se
dit en anglais. Chaque semaine nous nous rendrons d’ailleurs au ‘farmer market’,
où une petite vingtaine d’agriculteurs vendent en direct leur production. Nous
comprenons vite que la
Californie c’est ‘organicland’. Les supermarchés des centres
de ces villes moyennes que nous avons visitées, Eureka et Sausalito
essentiellement, mais aussi Santa
Barbara plus au sud, ne vendent pratiquement que de l’Organic. Il faut sinon se
diriger vers les Malls des banlieues, mais en bateau on n’a pas toujours de
voiture à disposition. On avait bien jusqu’ici un vélo, acheté à Honolulu,
démonté lors des traversées, mais on a eu le tort de croire que bien attaché,
il ne serait pas volé. Il a passé une nuit dehors, pas deux. Pour la petite
histoire, cela doit faire le dixième vélo que l’on se fait piquer depuis La Rochelle. Sinon on
loue parfois une voiture, ou plus tard à San Francisco ou à Los Angeles pour
visiter, et aussi aller chercher quelques colis que nous nous faisons envoyer
ici et là, comme ce fut le cas pour
aller chercher les voiles à Seattle : sans adresse fixe, toujours nomade,
il faut trouver des solutions et faire fonctionner nos réseaux ; qui
fonctionnent très bien ! A Eureka nous avons trouvé un supermarché
‘classique’. On a donc fait un plein de courses en pensant appeler un taxi. Car
bateau ou pas nous sommes quatre dans la famille, désormais les filles mangent
autant voire plus que les parents et il faut donc approvisionner régulièrement
le bord. Mais le taxi n’est jamais venu. La caissière qui l’a appelé pour nous
a pourtant relancé la compagnie. On a fini par demander à une personne seule
dans sa voiture si elle pourrait nous déposer au centre ville, au ponton. Ce
qu’il fit gentiment.
On y a aussi découvert la passion de
certains Californiens pour les vieilles choses, les boutiques d’antiquaires sont
assez nombreuses. On y passe des heures à fouiner, dans l’une d’elles, à Santa
Barbara, on trouvera même plein de livres de poche en français, Armelle craque,
au grand dam de la ligne de flottaison du bateau, on a des liseuses
électroniques, elles sont sensées éviter d’embarquer (trop) de livres papier à
bord, toujours trop lourds. On trouve aussi pas mal de boutiques de vêtements
d’occasion, on renouvelle ainsi, pour quelques dizaines de dollars, nos gardes
robes ! Eureka est une petite ville, et nous n’avons eu qu’une fois un
voisin au mouillage à côté de nous. Chose plus surprenante, quand Armelle est
allée chez la coiffeuse, et bien elle savait qui elle était, qu’elle habitait
sur le voilier ancré en ville depuis quelques jours, avec des enfants à bord.
Pour la petite histoire : c’est par ici que sont venus s’installer dans
les années 60 Bob Dylan et Joan Baez.
A
l’arrière plan, la maison de Cendrillon…
Apolline
et Camille en pleine discussion avec une loutre, dans le petit zoo d’Eureka…
Bodega Bay.
Le vent est annoncé portant, avec très
peu de houle, et pourtant, la sortie de la passe d’Eureka, si calme quand nous
y étions rentrés, deux semaines plus tôt, commence à s’éveiller, et le courant
sortant engage à lever une mer rugueuse, abrupte, et même si la passe est
large, sans vent, cela n’aurait pas été un bon endroit pour que le moteur y
fasse des siennes. Puis la mer s’est aplatie au fur et à mesure que nous avons
gagné vers le large, jusqu’à ce que l’on retrouve la mer du vent, au sud du Cap
Mandecino. Le lendemain soir, nous avons mouillé à Bodega Bay. Les cinéphiles
connaissent, c’est ici que fut tourné dans les années 50 le film d’Alfred
Hitchcock, ‘Les Oiseaux’. Certaines scènes ont été tournées en ville (quand l’héroïne
traverse la baie en barque pour se rendre de l’autre côté) mais aussi dans les
alentours, c’est notamment le cas de l’école dans laquelle se situe l’une des
scènes du film, quand les corbeaux entourent la salle de classe obligeant la
maîtresse à les faire sortir et courir sous les coups de becs guerriers des
oiseaux devenus fous. La maison n’est plus une école et les nouveaux
propriétaires ont du mettre devant chez eux un écriteau pour signaler aux
visiteurs qu’il s’agit désormais d’une maison d’habitation. Nous profiterons
plus tard d’une journée de visite en voiture pour y venir, et bien sûr filmer
Apolline et Camille qui descendent en courant la ruelle. Brrrr…
Nous mouillons dans un mètre d’eau
devant Bodega, le fond de la quille frotte sensiblement la vase, et le
lendemain soir, c’est la baie de Drake qui nous accueille. Pour l’histoire, Sir
Francis Drake, explorateur, ne trouva pas lors de son passage ici l’entrée de
la baie de San Francisco, à quelques dizaines de milles plus au sud, et c’est dans
cette vaste baie, encore déserte aujourd’hui, qu’il passa un hiver.
L’ancienne
école de Bodéga Bay qui servi de décor au film ‘Les Oiseaux’ d’Alfred
Hitchcock.
Pour vous mettre dans l’ambiance, en
lisant ces lignes, écoutez-donc ça.
www.youtube.com/watch?v=7I0vkKy504U
Le Golden Gate, c’est donc pour aujourd’hui. En approchant de San Francisco, depuis le nord, nous sommes surpris de la faible urbanisation qui entoure la ville, aux abords d’une telle mégapole, on s’attendait à des banlieues à n’en plus finir. Elles sont ailleurs, disséminées tout autour de la vaste baie,la San Francisco Bay
Area, et la côte, complètement desséchée cette année en raison d’une nouvelle
période de sécheresse, est totalement protégée. Depuis quelques heures déjà, on
aperçoit les contours du pont le plus célèbre de la planète, avant, il faut
donner un vaste détour pour éviter un haut fond, le Four Fathom Bank, sur
lequel la mer déferle pour peu que la houle soit de la partie. Comme la
majorité des ports de la côte nord ouest Pacifique, les conditions hivernales
rendent délicates les entrées dans les ports ; San Francisco n’échappe pas
à la règle, et dès que la mer se lève, il faut alors emprunter le chenal des
grands navires. Nous sommes tous les quatre sur le pont (du bateau !),
l’instant est magique, ça n’est quand même pas tous les jours que l’on navigue
avec son voilier sous le Golden Gate, les Portes d’Or, qui donne accès à San
Francisco. On a envie de chanter ‘Santiano’ de Hugues Auffray, et remplacer le
‘on ira jusqu’à San Francisco’ pas un plus approprié ‘on est allés jusqu’à San
Francisco’ ! Quand nous avons élaboré ce projet d’aller naviguer en
Alaska, il y avait bien sûr l’attrait pour les glaciers, les longues journées,
la nature et les mouillages sauvages, déserts et isolés ; la magie du
Grand Nord. Mais ça n’était pas tout, et il y avait aussi ce désir de découvrir
la Californie ,
et notamment San Francisco. Ca y est, on y est !
www.youtube.com/watch?v=7I0vkKy504U
Le Golden Gate, c’est donc pour aujourd’hui. En approchant de San Francisco, depuis le nord, nous sommes surpris de la faible urbanisation qui entoure la ville, aux abords d’une telle mégapole, on s’attendait à des banlieues à n’en plus finir. Elles sont ailleurs, disséminées tout autour de la vaste baie,
Après les séances photo réglementaires,
nous avons tourné à gauche pour nous diriger vers le mouillage de Sausalito.
Pour se situer, le Golden Gate supporte la route 101, qui longe la côte
Californienne depuis l’Oregon, au nord, jusqu’à la frontière Mexicaine au sud.
Au nord, c’est le conté de Marin, où se trouve Sausalito, et au sud, c’est San
Francisco. Plus loin, un autre immense pont, le Oackland San Francisco Bridge,
traverse la baie. Au nord enfin, le pont Richmond San Rafael, relie quant à lui
le Conté de Marin à Richmond. A l’une de ses extrémités, se trouve la célèbre
prison de Saint Quentin.
Ca
y est, encore quelques centaines de mètres et nous aurons franchi le Golden Gate
Bridge !
Vu
d’en haut, c’est bien aussi.
Richardson Bay, Sausalito.
La baie Richardson est ‘décorée’ de
‘bateaux’ dont certains n’ont plus que le nom, démâtés, amarrés parfois les uns
aux autres comme des grappes d’algues qui, ainsi, espèrent ne pas couler. Sausalito
est un très bon mouillage. Ca tombe bien, certains bateaux sont là depuis plus
de vingt ans, trente ans même ou encore plus ? Tous sont habités, et
d’après le look de la plupart de leurs occupants, ils doivent être les
survivants du Summer of Love, quand les rues de San Francisco, en 1967, et plus
particulièrement dans le quartier Haight et Ashburry, tout près du Golden Gate
Park, vit naître le mouvement hippie.
Le mouillage à Sausalito est donc autorisé
et gratuit, chose qui va devenir de plus en plus rare au fur et à mesure que
nous allons continuer notre descente le long de la côte Californienne. C’est
une aubaine pour tous ces fauchés, qui peuvent ainsi se loger gratuitement à
condition de disposer d’une embarcation. Mais ces jours sont peut-être comptés,
et la nouvelle population aisée qui a désormais élu domicile à Sausalito, où le
loyer mensuel d’un F3 atteint 4000 $, votera peut-être dans les années à venir
pour des élus qui interdiront le mouillage à ces bateaux qui n’en sont plus
vraiment. Et qui font tache au milieu des Swan rutilants amarrés dans les marinas
huppées.
Depuis l’Alaska nous avons aussi comme
compagnons de mouillage des milliers et des milliers de phoques, et plus tard
des éléphants et autres lions de mer, qui s’ébrouent et pour certains émettent
toutes sortes de sons pas toujours très discrets. Sausalito n’échappe pas à la
règle. Sinon chaque matin et chaque soir, des milliers d’oiseaux, dont beaucoup
de pélicans, se lancent pour se nourrir dans un manège surprenant, partant en
piqué dans l’eau façon Stukas, pour en ressortir un poisson dans le bec, à deux
pas du bateau. Nous ne nous en lassons pas. Souvent le jour se lève sur une
baie perdue dans la brume. Verra-t-on Alcatraz ce matin ? Et le Golden
Gate, dont nous n’apercevons, depuis le mouillage, que le sommet du pilier
nord. Le brouillard est récurrent, il englobe la ville une bonne partie de
l’année, et plus particulièrement les mois d’été. Parfois San Francisco nous
apparaît le matin, mais souvent la ville est cachée derrière un rideau de
brume, et dont seuls dépassent les sommets des buildings, comme une belle
derrière son drapé. Nous avons cependant de la chance, octobre est souvent à San Francisco le meilleur mois, et cette
année 2014 n’échappe pas à la règle. L’été est souvent venté, ou noyé dans la
brume. Il n’y fait donc alors pas très chaud, et il faut quitter la ville pour
retrouver, à quelques dizaines de kilomètres de là, des températures plus
estivales.
Ou sans brume. A gauche, l’île d’Alcatraz.
Lever
de soleil à Sausalito.
Sausalito,
et la brume qui se glisse jusqu’à effleurer les collines.
Les
vieux bateaux au mouillage dans Richardson Bay, Sausalito.
La baie de San Francisco.
Lors des cinq semaines de notre séjour
à San Francisco, nous aurons en général un assez beau temps, ensoleillé la
journée, un peu plus frisquet le soir. Nous assistons à la Fleet Week , qui voit
les Blue Angels (l’équivalent de notre Patrouille de France) évoluer dans le
ciel à proximité du Golden Gate. Le spectacle ce jour là est magique, un samedi
ensoleillé avec des centaines et des centaines de voiles blanches dans la baie,
et ces avions à réaction qui inscrivent dans le ciel de Californie toutes
sortes d’arabesques. Jusqu’à ce que la brume ne s’invite à la fête, privant les
spectateurs que nous sommes de leur show. Les navires qui desservent les ports
de la Baie ,
Oackland pour les containers, passent sous le Golden Gate, avant de laisser
Alcatraz à bâbord, puis se faufiler sous le pont Oackland San Francisco. Ce
jour là ce sont les hommes de quart de deux énormes porte containers qui ont du
serrer les dents de nombreuses minutes. En effet, les centaines de voiliers se
sont retrouvés pris dans une purée de poix, idem pour les porte containers, qui
ont alors réduit leur vitesse au minimum, juste assez pour rester manoeuvrants,
et le tout à grand renfort de corne de brume. Et chaque samedi soir, nous
aurons droit depuis le pont de Coccinelle à un grand feu d’artifice, tiré
depuis le Pier 39, à proximité du pont San Francisco Oackland.
Autant la navigation à voile est très
populaire à San Francisco, le week-end, autant le lundi matin, il n’y a plus un
seul bateau dans la baie, tout le monde est reparti travailler. L’un des
moteurs de cette économie flamboyante et conquérante est peut-être lié à un amour
immodéré des Etats-uniens pour l’argent. A Sausalito, la règle, c’est la
voiture Allemande, souvent hybride tout de même ! En Californie, le gros
4x4 à l’Américaine, qui ingurgite un minimum de 20 litres aux cents
kilomètres, et que l’on voyait en grand nombre en Alaska ou même au Canada en
Colombie Britannique, n’ont plus droit de citer, écolo tu es, écolo tu
resteras. San Francisco, c’est aussi San José, la ville voisine plus au sud, et
c’est par là que se trouve la Sillicon Valley. Ici, Google emploie des dizaines
de milliers de salariés. Idem pour Apple. La ville est le siège de nombreuses
entreprises à l’Américaine, c'est-à-dire de taille mondiale.
Hormis les deux géants des nouvelles
technologies, Apple et Google, on y trouve aussi Adobe, Cisco, Dolby, Ebay,
Facebook, Oracle, Yahoo, Intel, Hewlet Packard, Asus, et d’autres encore. San
Francisco et Seattle se tirent la bourre pour dépasser l’autre, économiquement
parlant. Seattle abrite bien sûr Boeing, mais aussi Microsoft, même si
désormais le premier employeur de la ville se nomme Amazon. Costco (voir plus
bas) est également basé à Seattle. Avec 27 millions d’habitants, la Californie à elle
seule, si elle était un pays, serait la sixième puissance économique du
Monde ; juste après la
France. Ca cause…
Le
jour de la Fleet Week ,
voiliers, porte containers, avions dans le ciel, tous ont du composer avec la
brume.
Halloween.
Quelques jours après notre arrivée nous
recevons un soir la visite d’une petite famille sur son annexe, il y a là
Christian le papa, Josie la maman, et leurs trois enfants, Nina, Ellamare, et
le petit dernier, Taj. Les deux filles ont à peu près les âges de nos filles.
Ils vivent sur un bateau, dans le Galilée Harbor, un voilier qui bientôt, l’an
prochain, larguera les amarres pour un long voyage. Ils organisent un petit
barbecue sur le ponton, et nous sommes invités. Rapidement Apolline et Camille
disparaissent en compagnie de leurs nouvelles copines Californiennes dans les
cabines de leur voilier, et nous faisons connaissance avec les voisins de
ponton. S’il y a quatre ou cinq voiliers, la majorité des house boats (maisons
flottantes) ou de vieux bateaux à moteur recyclés ; ou encore des barges
surmontées de maisons. Certaines très jolies, souvent inventives, parfois
superbes, jamais très grosses, et surtout elles dégagent un charme fou. Elles
restent tout de même des bateaux, et ce malgré leur immobilité car leur
vocation n’est pas, ou plus, d’aller sur la mer.
Avec la petite famille nous fêtons
Halloween, avec un ami à eux, Jason, surnommé Big Jason (on vous laisse deviner
pourquoi), un colosse barbu (le Californien porte le poil et le porte plutôt
bien, cela plaît semble-t-il aux femmes, dixit Armelle), tatoué aussi, dont
l’activité principale est l’agriculture horticulture en Californie du nord, il
assemble aussi des vins. La
Californie produit de très grands crus, et la vinification
semble ici une activité très répandue. Jason nous offrira deux bouteilles, une
pour usage immédiat, et une autre que nous dégusterons lors de notre arrivée
aux Marquises. Merci Jason !
Pour Halloween donc, tout le monde est
déguisé, les enfants bien sûr, mais aussi les adultes. Tous, ou presque, parce
que pas nous : personne ne nous avait briffés ! A la tombée de la
nuit, une grande parade réunit des centaines de personnes, beaucoup sont
grimés, déguisés. Les habitants sont devant leurs maisons avec une table
contenant pléthore de sucreries et autres chocolateries. Les filles vont
revenir à bord de la Cox
les bras chargés de barres chocolatées que nous garderons pour la traversée
vers les Marquises.
Nous
quittons Galilée Harbor pour la parade à Sausalito.
Voiture
de police et camion de pompiers…
Les maisons flottantes de Sausalito.
Dans les années 70, des hippies
récupérèrent de vieilles barges de l’armée (durant la seconde guerre mondiale,
Sausalito fut transformé en grand chantier naval destiné à la production de ce
qu’on a appelé les Liberty Ships), pour en faire des ateliers d’artistes. Petit
à petit, elles ont été transformées en habitations, avant d’être récupérées par
les populations aisées plutôt BoBo de San Francisco. Les maisons flottantes ont
grandi et se sont embourgeoisées. Il y a ainsi trois ou quatre quartiers
flottants à Sausalito, certains très récents avec de luxueuses et grandes
résidences flottantes ; et d’autres plus populaires, comme c’est la cas
pour les embarcations amarrées au Galilée Harbour, au 300 Napa Street,
Sausalito, CA.
Le Galilée Harbor est un port privé,
mais qui appartient à ses habitants. Ils ont acheté l’espace maritime ainsi
qu’un bout de terrain dans les années 80. Ce qui leur permet d’avoir des locaux
en commun, un bureau, des parkings à voiture et à vélos. Pour devenir membre du
port et avoir le droit de s’y amarrer, il faut être coopté, et surtout c’est
l’assemblée générale qui va décider si votre candidature est acceptable. Il
faut correspondre à certains critères. Il faut bien sûr vivre à bord de
l’embarcation, mais l’assemblée prend également en compte un plafond de
revenus. Une condition plutôt surprenante pour les Etats-Unis, ou c’est plus
souvent le contraire. Le montant du loyer mensuel est indexé sur les revenus
des membres. Finalement nous avons de la chance, quand nous sommes arrivés pour
la première fois je regardais ce port comme une sucrerie inaccessible, que
j’avais envie de découvrir et faire connaissance avec ses habitants, marins
immobiles mais marins quand même. Et finalement ce sont eux qui sont venus vers
nous. Quelle aubaine, et quelle chance ! A l’extrémité d’un ponton, on
nous présente Coin Coin, un canard apprivoisé et qui est devenu la mascotte du
port. Sur ce même ponton, on trouve une pompe à eaux noires. Sur un bateau, au
large, on évacue les eaux usées des toilettes, dites eaux noires (à l’opposé
des eaux grises, issues de l’évier ou du lavabo), à la mer. Dans la plupart des
pays du monde (à part, à ma connaissance, la Turquie , les Etats-Unis et le Canada), les eaux
noires sont également rejetées dans l’eau des ports où elles se diluent avec
l’eau de mer, parfois un peu trop prêt des nageurs alentours. Aux Etats Unis la
présence d’un réservoir à eaux noires est donc obligatoire ainsi que son
usage ; même si jamais personne n’est venu vérifier sa présence et son
état de marche à l’exception de Hawaï cependant. Et il est très aisé de les
vider. Chaque port de plaisance, chaque poste à carburant possède sa borne en
self service. Au Galilée Harbor chaque bateau ou presque est relié via un tuyau
souple de 70 mm
environ à un système de pompage qui évacue directement ces eaux noires vers le
réseau municipal des eaux usées. En Europe, si l’emplacement du réservoir à
bord des bateaux de plaisance est obligatoire et doit être réservé, la présence
du réservoir en lui-même ne l’est pas. De mémoire, il n’y a aucune pompe à eaux
noires entre La Rochelle
et Le Crouesty. Personne ne les utilise, peu de personnes savent s’en servir.
Pourtant à l’usage ce système de rétention est très facile à utiliser et devra
se développer dans les années à venir, plus particulièrement dans les plans
d’eau fermés. Ces réservoirs sont également bien pratiques quand le bateau est
au sec ou quand le bateau voyage en camion comme cela nous est arrivé en Colombie
Britannique. Voilà pour les eaux noires.
Nous passons pas mal de temps avec nos
nouveaux amis. Christian nous fait notamment découvrir le supermarché ‘Costco’.
Costco, c’est le paradis du navigateur qui prépare l’avitaillement de son
bateau. Ces grandes surfaces se sont spécialisées dans l’achat en grande
quantité, on ne peut pas acheter un seul pot de Nutella de 1 kg (avec trois filles à
bord, le pot de Nutella est devenu l’unité de référence à bord de Coccinelle),
il faut en acheter deux. Le riz s’achète par sacs de 5 ou 10 kilos. Idem pour
la farine (20 kilos), les yaourts par paquets de 24, la bière par packs de 36,
ou encore le coca, le Bourbon en bouteilles de ½ gallon, soit environ 2 litres , etc. Il me
faudra deux voyages en annexe pour ramener à bord cette précieuse cargaison.
Nous renouvellerons une visite chez Costco à Los Angeles.
Le
Galilée Harbor de Sausalito.
Retour de chez
Costco : où va-t-on bien pouvoir mettre tout ça ?
‘C’est une maison bleue, adossée à la
colline…’
Nous avons dès notre arrivée à San
Francisco récupéré les cours du CNED chez Anne Marie, à Livermore, à trois
quarts d’heure de voiture de la ville (merci David de nous avoir transmis les
coordonnées d’Anne Marie !), Apolline et Camille ont repris l’école,
Camille entre en CE2, Apolline en Grande Section. Tous les matins il y a donc
désormais école à bord, et l’après-midi nous allons nous promener à terre. Le
week-end nous traversons la baie, passons d’un côté ou de l’autre de l’île
d’Alcatraz, prison fermée dans les années 60 rendue célèbre par un film,
‘L’évadé d’Alcatraz’, et nous en allons mouiller à Aquatic Park, en plein cœur
de San Francisco, à deux pas du Fishermen’s Wharf, des vieux tramways bigarrés
du début du 20ème siècle, et du plus proche des Cable Cars, qui eux
datent carrément de la fin du 19ème siècle. Les Cable Cars sont la
réponse aux forts vallonnements qui caractérisent la ville, ça monte, ça
descend, ça remonte et ça redescend encore. L’enfer du cycliste ! Certains
bus doivent eux aussi prendre des chemins détournés pour éviter certaines rues
des plus pentues. Les Cable Car, c’est l’image d’Epinal de San Francisco, avec
le Golden Gate, Alcatraz, et les tramways. What else ? La ville dégage
comme un enchantement. Dans mon petit classement, elle tient tout à fait la
route à côté d’autres cités que sont Paris ou Venise. L’architecture y est
particulière, avec ces maisons typiques de style Victorien.
Nous rendons même visite à la fameuse
maison bleue, celle de la chanson ‘San Francisco’ de Maxime Le Forestier https://www.youtube.com/watch?v=kM1WiiYbN6Y
Après son séjour à San Francisco, dans les années 70, il avait complètement oublié l’adresse de la maison. Mais dans les années 2000, le chanteur s’est résolu à fouiller dans ses affaires et sur un vieux cahier il a retrouvé l’adresse de la fameuse ‘maison bleue’. Sa maisons de disques a alors organisé un voyage de retour aux sources en collaboration avec le Consulat de France, un sponsor, fabriquant de peinture, a fourni les pigments pour que la maison qui entre temps était devenue verte, retrouve sa couleur bleue d’origine. Une plaque a même été apposée !
Après son séjour à San Francisco, dans les années 70, il avait complètement oublié l’adresse de la maison. Mais dans les années 2000, le chanteur s’est résolu à fouiller dans ses affaires et sur un vieux cahier il a retrouvé l’adresse de la fameuse ‘maison bleue’. Sa maisons de disques a alors organisé un voyage de retour aux sources en collaboration avec le Consulat de France, un sponsor, fabriquant de peinture, a fourni les pigments pour que la maison qui entre temps était devenue verte, retrouve sa couleur bleue d’origine. Une plaque a même été apposée !
Nous visitons d’autres quartiers, Castro,
Mission et Market Street, immense avenue bordée de gratte ciels ; China
Town bien sûr, avec ses étals de fruits, légumes, canards et autres produis
parfois surprenants et complètement inconnus de nous. On nous avait dit que les
prix des fruits et légumes y étaient intéressants, c’est le cas, mais la
qualité est comme les prix, pas très élevée. Certains habitants de ces
quartiers craignent désormais que la spéculation immobilière qui bien sûr sévit
à San Francisco ne vienne à bout de China Town, à proximité immédiate des
quartiers d’affaire ; c’est en tous cas ce dont s’inquiètent quelques
manifestants et autres affiches apposées ça et là dans les rues de China Town.
Nous irons aussi plusieurs fois à Alamo Square, l’une des photos les plus
connues de San Francisco, avec sa dizaine de maisons jumelles peintes désormais
de couleurs pastelles.
Dans Aquatic Park, nous débarquons avec
notre annexe au Musée Maritime, qui est aussi un Parc. On y trouve un grand
quatre mâts du 19ème siècle, un vapeur et nous pouvons y laisser
notre annexe en sécurité. Seul bémol, le parc ferme à 17h00, et plus d’une fois
nous avons du négocier avec les gardiens de nuit pour pouvoir pénétrer dans le
musée y récupérer notre annexe. Mais avec notre sésame, à savoir les deux
princesses de Coccinelle, Apolline et Camille, toutes les portes s’ouvrent en
général sans trop de complications. Aquatic Park est comme son nom l’indique un
parc aquatique, dans lequel évoluent des adeptes de la nage sportive. Avant
même le lever du jour, ils sont ainsi des dizaines à brasser et crawler, sans
combi, dans une eau tout de même un peu frisquette.
Nous y faisons ainsi la rencontre de
Kenneth, nageur émérite qui chaque jour de l’année effectue ses longueurs et ce
quelle que soit la température de l’eau. Il se trouve que Kenneth est membre du
Cruising Club de Sausalito, établi lui aussi sur une barge flottante plus ou
moins ballastée et arrimée sur un banc de vase. Nous y sommes invités
gracieusement. Aussi à notre retour nous venons mouiller à proximité même des deux
lieux, le Sausalito Cruising Club, et le Galilée Harbor. Ce soir là, se déroule
la finale des World Series de Base Ball, et la finale oppose l’équipe de Kansas
City aux Giants de San Francisco. Et c’est bien sûr San Francisco qui
l’emporte. La ville fait la fête. Nous l’avons appris trop tard mais le stadium
dans lequel jouent les Giants est au bord de la baie, et il borde un petit
mouillage qui est tout à fait légal. Et la première manche de la finale s’est
disputée à San Francisco, le samedi précédent. Cerise sur le gâteau, on peut
même suivre les matchs sur grand écran depuis le bateau ; et récupérer le
cas échéant d’un coup d’annexe les balles qui auraient fini dans l’eau…
Nous passerons ensuite trois jours
amarrés au petit quai du Sausalito Cruising Club, nous en profitons pour faire
un peu d’entretien, recharger les batteries, nettoyer et repeindre le moteur
hors bord. L’entretien d’un bateau est permanent ! Surtout, nous y
recevons les nouvelles voiles, elles sont bien vite hissées, elles vont parfaitement.
Ca y est, le bateau est prêt pour de nouvelles aventures. Nous montons aussi un
enrouleur de trinquette et faisons retailler le yankee du convoyage depuis
Seattle pour en faire une trinquette. Elle s’adapte parfaitement. Nous
profitons des prix générés pas un taux de change intéressant du dollar par
rapport à l’euro pour effectuer quelques investissements de maintenance du
bateau. Nous commandons ainsi un nouveau WC, une nouvelle annexe en Hypalon,
des panneaux solaires. A San Francisco, nous retrouverons avec plaisir Henry,
un Français installé à San Francisco depuis une vingtaine d’années
et que nous
avions rencontré à Panama alors que nous étions en attente de passer le Canal.
Marie et Henry vivent au nord de San Francisco, dans une région viticole, et
Henry bien sûr assemble lui aussi ses vins ! Nous quittons Coccinelle une
nuit pour profiter de son hospitalité, il y a bien longtemps que nous n’avons
dormi dans un lit immobile, avec douche à volonté le matin ! Merci Henry
pour tes balades autour de San Francisco.
Devant La ‘Maison Bleue’ de la chanson de Maxime Le Forestier ‘San Francisco’
Devant La ‘Maison Bleue’ de la chanson de Maxime Le Forestier ‘San Francisco’
Aquatic
Park, San Francisco. Un mouillage pour nous tous seuls au cœur de la ville.
Les
embarcations de la baie, d’hier et d’aujourd’hui. A gauche, un voilier à
l’étrave carrée tels qu’ils ont été décrits par Jack London. Et à droite, un
ferry rapide moderne.
Alamo
square, San Francisco.
A
gauche, Cable car. A droite, Armelle au cerf volant, Alamo square, San
Francisco.
Monterey et Santa Barbara.
Nous avons appris de la part des
voileux de Sausalito une tradition San Franciscaine, celle qui consiste à crier
‘echooooooooooo’ en passant en bateau sous le Golden Gate. Le cri nous revient
comme prévu, il salue aussi notre départ de San Francisco. Cette ville nous a
bluffés, séduits. L’atmosphère qui s’en dégage est à la hauteur de sa
réputation. Nous passons une nuit à Half Moon Bay, là où se situe la fameuse
vague de Maverick, l’une des plus difficiles au monde à surfer, notamment en
raison de la plage qui n’est que rochers. Puis nous mouillons à Monterey, après
avoir croisé le sillage de quelques baleines. C’est la ville de John Steinbeck.
Elle servit de cadre à quelques uns de ses romans.
Pour la petite histoire, c’est également tout près de Monterey, à Salinas, que
mourut James Dean, à 24 ans, au volant d’une Porsche qu’il venait de s’offrir.
Quelques semaines plus tôt, il avait participé à un clip de prévention contre
la vitesse au volant…
Puis nous doublons trois jours plus
tard le cap Conception, qui marque notre entrée dans la Californie du Sud. On y
retrouve bien sûr des conditions plus clémentes, notamment de température.
Entre les Channel Islands et le continent, de nombreuses plateformes de forage
ont été ancrées au fond de la mer, ce samedi matin, une fuite a recouvert la
mer d’une pellicule de pétrole, la ligne de pêche va en ressortir toute pleine
de graisse ; l’odeur est plus que désagréable, et nous accompagne jusqu’à
Santa Barbara. Après avoir mouillé dans le port à l’extérieur du chenal, d’où
nous nous sommes faits déloger en moins de 30 minutes. Et après avoir mouillé à
deux milles de là parce qu’il est désormais interdit de mouiller sous la
protection à l’extérieur de la jetée, la petite heure que nous avons passé là à
rouler bord sur bord a suffit pour nous convaincre de remonter l’ancre et de
passer la nuit au port. Nous le savions, et il sera désormais difficile de
mouiller sur ancre, nous n’aurons d’autre alternative que d’amarrer Coccinelle
dans des marinas. Santa Barbara est hispanique, cela se sent dans son
architecture, son climat aussi bien sûr. Ca y est, nous avons rattrapé
l’été !
Los
Angeles, California.
Puis nous arrivons à Marina del Rey, le
plus important port de plaisance de Los Angeles. Petite histoire encore, c’est
dans cette grande marina que se noya Dennis Wilson, frère de Brian et batteur
des Beach Boys, après être tombé de son voilier lors d’une soirée trop arrosée.
Nous avons rendez-vous à Santa Monica, dans la banlieue de Los Angeles, avec
Rick et Marc, un cousin (très éloigné) d’Armelle, et leurs deux enfants Robbie
et John. Ils nous proposent gentiment de nous installer chez eux pour quelques
jours, ce sera plus simple pour se déplacer. Bien sur on ne se fait pas prier,
d’autant plus que Coccinelle est amarrée en sécurité, avec ses anges gardiens,
les éléphants de mer… En plus, Marc nous invite à célébrer Thanksgiving avec sa
famille, chez son frère. Ce sera pour nous notre réveillon de Noël, puisque
pour le 24 décembre nous serons quelque part entre la Californie et les
Marquises, au beau milieu de l’Océan Pacifique. Puis Rick nous fait visiter Los
Angeles, selon un circuit bien rodé : la tombe de Norma Jean Backer, alias
Marilyn Monroe, le Mall of Frame, bien sûr, à Hollywood, là où toutes les stars
se doivent de laisser leurs empreintes sur le trottoir, le Chinese Theater, où
se déroule la cérémonie des Oscars, ou encore Beverly Hills. Un soir, Apolline
et Camille restent avec Marc, et Rick nous entraîne à une soirée dans un temple
de la magie. On doit se saper, robe pour Armelle, costar cravate pour moi (non,
c’est Marc qui m’a prêté ce qu’il faut, je n’ai pas de veste ni de cravate à
bord !). Ce lieu, réservé aux membres, et Rick est membre, est une espèce
de manoir où l’on peut dîner, et assister à différents spectacles de magie, la
femme coupée en deux, un spectacle de transplantation, des jeux de cartes,
foulards. On y passe une bonne soirée. Nous restons particulièrement perplexes
devant un hibou empaillé qui, derrière l’un des bars, répond par oui ou par non
aux questions qu’on lui pose, ça c’est de la magie !
Nous terminons notre séjour chez les
cousins à Los Angeles par une visite au musée des Sciences, où l’on a pu visiter
une exposition sur Pompéi, voir une capsule Mercury, une Gemini, la capsule
Apollo de la mission Apollo Soyouz de 1975, et même la navette spatiale Endeavour.
Nous avons désormais au sein des cousins Français la palme du mode de transport
le plus original pour nous rendre d’Europe en Californie, puisque nous sommes
venus en voilier ; la palme précédente appartenait à un autre cousin, qui
lui était venu au volant d’un vieux Land Rover depuis l’Amérique du sud… Bon, le
moyen de transport le plus usité pour aller d’Europe à la Californie reste tout
de même l’avion. Puis Coccinelle parcourt les quelques dizaines de milles qui
séparent Marina del Rey de Long Beach, un port industriel gigantesque accolé à
celui de Los Angeles. La jetée qui protège ce mouillage où attendent des
dizaines de navires, pétroliers géants (jusqu’à 66 mètres de
large !) et autre porte containers, mesure plus de 10 milles, soit près de
20 kilomètres ! Nous y pénétrons et venons mouiller à quelques centaines
de mètres du Queen Mary 1, l’original, qui traversa l’Atlantique 1001 fois au
cours de ses 30 ans de carrière, entre 1936 et le début des années 60, quand il
fut désarmé et transformé en hôtel. On n’y reste pas bien longtemps, une seule
nuit, avant que nous ne nous en fassions déloger par un bateau de patrouille. Nous avions prévu de
naviguer jusqu’à San Diégo, où nous avions un autre colis à récupérer, mais ce
détour ne nous rapprochant pas de la Polynésie nous avons finalement loué une voiture
pour nous y rendre, sur une autoroute qui par moments aligne deux fois neuf
voies !
Le 6 décembre, après avoir fait les
pleins, d’eau, de gazole, de vivres frais, fruits et légumes, yaourts, fromage,
sans avoir oublié de se rendre à l’immigration pour officialiser notre sortie
des Etats-Unis, nous sommes partis pour 25 jours de mer, direction les
Marquises, et l’île de Hiva Oa, à près de 6000 km de là.
Hollywood,
le Walk of Frame, Camille pose à côté de l’étoile de Steven Spielberg.
A
droite, les empreintes de John Travolta.
A
gauche, la navette spatiale Endeavour. A droite, une Coccinelle de Californie.
Long
Beach, le Queen Mary est un hôtel.
Un
dimanche après-midi, juste avant notre
départ pour les Marquises, nous partons naviguer avec les cousins d’Amérique devant
Los Angeles.
San Francisco vu par Apolline